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Billet de blog 14 avril 2024

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C’est sans doute dans leur nature !

Taxer des profits même particulièrement spéculatifs et abusifs n’est pas envisageable pour la petite clique d’affairistes malfaisants qui nous gouverne. “Plutôt crever” pourrait-on presque les entendre grommeler entre leurs dents ! Il préfèrent se tourner vers "l'économie de guerre".

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Dans cette économie libérale au service des puissants, sous le regard permanent  et inquisiteur des marchés financiers, l’état des  finances publiques ne saurait justifier une augmentation des impôts. Taxer des profits même particulièrement spéculatifs et abusifs n’est pas envisageable pour la petite clique d’affairistes malfaisants qui nous gouverne. “Plutôt crever” pourrait-on presque les entendre grommeler entre leurs dents !  Leur argumentaire-alibi , usé jusqu’à la corde, est bien connu : toute hausse des impôts risquerait de décourager les créateurs de richesse, les premiers de cordée, et de faire ainsi dévisser l’ensemble de la société.

Alors, comme il convient de réduire la dette et le déficit publics afin de respecter le pacte de stabilité européen - qui prévoit de sanctionner durement les politiques budgétaires trop laxistes - il faut  faire des économies et prioriser les dépenses.

Emmanuel Macron priorise donc et, dans “une économie de guerre” où la France devient la base arrière des armées ukrainiennes, pourvoyeuse d’armes et de munitions pour le front de l’Est, érigé en dernier rempart de l’occident, les priorités sont évidentes : il faut parer aux “urgences opérationnelles” et alimenter le feu défensif.

Lors d’une visite au fabricant d’explosifs bergeracois Eurenco, le Président  a vanté “cette nécessité du moment” qui a le mérite de créer de la richesse et des emplois. Pensez donc : une petite  entreprise provinciale qui  vivotait péniblement avant le début du conflit ukrainien est désormais en pleine expansion, avec un carnet de commandes bien rempli alors même que la production de poudre avait été abandonnée !

 "Il y a un peu plus de 100 ans, pendant la Première guerre mondiale, il y avait ici la production de poudre, à un moment où le site avait plusieurs milliers d'employés. Le site était tombé est déshérence, il a fermé, c'était devenu une friche qui avait même été dépolluée. Grâce à cet investissement, on va refaire une emprise industrielle et on va refaire des poudres sur cette friche industrielle." Emmanuel Macron est tout sourire,  c’est  “un beau symbole”, conclue-t-il. Évoquer avec nostalgie la Grande Guerre qui fit près de 20 millions de victimes pour regretter ces temps bénis où la fabrication de poudres et d’explosifs tournait à plein régime, il faut oser ! ! 

Macron semble endosser avec fierté et enthousiasme ses habits de chef des armées.

Dans cette période de tensions internationales et de conflits, les subventions publiques doivent aider en priorité ce  secteur d’avenir qu’est l’industrie de l’armement. Après la crise du Covid, le “quoi qu’il en coûte”  concerne désormais  “l’économie de guerre” et son industrie de la mort qui va aussi permettre de réindustrialiser le pays. 

L’école et les hôpitaux publics sont en perdition mais, jusqu’en 2030, le budget des armées va augmenter de 3 à 4 milliards par an ! Au cours des prochaines années, les dépenses de l’Etat  pour l’armement vont contribuer à dégrader encore davantage nos biens communs et services publics. 

La loi de programmation militaire 2024-2030 est en augmentation de plus de 30% par rapport à la loi de programmation précédente. 

Dans la course aux armements, la France figure en très  bonne place :  son marché intérieur est florissant ( en 2023, la Direction Générale de l’Armement a passé pour plus de 20 milliards d’euros de commande auprès des industriels du secteur) et les exportations atteignent des records, la plaçant deuxième exportateur d’armes au monde en 2023, derrière les USA.

Emmanuel Macron prétend assurer la défense de l'Europe et, dans le même temps, dynamiser  un secteur industriel florissant, générateur  de richesses et de profits, dont les retombées économiques et sociales bénéficient à la nation toute entière. .  

Les  ouvriers et nouveaux employés de ce secteur en croissance  partagent peut-être ce point de vue, notre système économique et sa division du travail créant souvent  des dépendances et des addictions regrettables,  mais les populations civiles de Gaza, prises sous les bombes, ont certainement une autre appréciation. Pour celles-ci, notre industrie de défense, qui continue à fournir Israël en matériel militaire,  est une industrie d’agression qui se nourrit  de populations martyres. 

La fabrication et la vente d’armes s’inscrivent dans une logique d’affrontement, les armes  entretiennent, exacerbent et multiplient  les conflits. Une économie de guerre ne peut concourir à la paix et elle corrompt irrémédiablement les esprits car  plus le nombre de personnes impliqués dans cette économie augmente et plus il est difficile d’en sortir, c’est une addiction terrible. Cette économie profite avant tout à quelques “créateurs de richesse”, en économie capitaliste, l’industrie de l’armement sert très directement  les intérêts de quelques dirigeants de sociétés et actionnaires qui cacheront leur appétit du gain derrière des alibis langagiers.  Gaza est rasée , des dizaines de milliers de femmes et d’enfants sont tués et mutilés, mais on invoque toujours la défense d’Israël et la libération des otages. 

Refuser de taxer les super-profits et, dans le même temps, choisir de financer massivement notre industrie de l’armement relève finalement de la même logique :  c’est le choix de l’argent et du profit qui s’impose contre le choix de la protection des plus faibles, c’est le choix de l’industrie de la mort contre tout ce qui peut soutenir et aider le vivant.  

C’est irrationnel mais c’est sans doute dans la nature de la plupart des gouvernants qui dominent un monde qui semble courir à sa perte : à l’instar du scorpion de la fable qui pique la grenouille sur laquelle il est monté pour traverser la rivière, ils obéissent à leur nature profonde, ils suivent leurs penchants, même mortifères.

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