En France, pour tous les super capitalistes qui ont été conviés à Versailles au sommet, désormais annuel, “Choose France” par Emmanuel Macron, c’est vraiment la vie de château ! Les réformes rappelées et vantées par notre cher Président lors de ce rendez-vous d’affaires ont porté leurs fruits. Les patrons peuvent être satisfaits du travail accompli. La démolition des droits sociaux et des normes environnementales leur permet d'entrevoir pour les groupes qu’ils dirigent ( et pour eux-mêmes bien évidemment) des gains encore plus faramineux. L’époque des super profits non taxés et encouragés n’en est qu’à ses débuts. Comme l’a justement remarqué Denis Machuel, le directeur général du groupe ADECCO, le leader mondial de l'intérim, la France est “un pays pro-business”. Elle est même devenue un véritable pays de cocagne pour les grandes entreprises qui sont souvent les mieux à même de tirer partie d’un système complexe mais ô combien généreux et par corollaire extraordinairement dispendieux pour la collectivité : des milliers de dispositifs permettent aux entreprises de percevoir de l’argent public et chaque année, environ 200 milliards d’euros sont dépensés pour alimenter cet assistanat qui ne dit pas son nom !
Toucher des subventions, faire des bénéfices et échapper ensuite très facilement à l’impôt en bénéficiant là encore d’une pléthore de dispositifs fiscaux dont le fameux crédit d’impôt recherche, ( outil absolument remarquable qui permet de réduire son impôt par le biais de frais de recherche et de développement qui peuvent englober à peu près tout et n’importe quoi puisqu’il leur suffit de concourir à améliorer la compétitivité de l’entreprise) sans parler des mécanismes d’évasion fiscale qu’il est possible de mettre en oeuvre malgré tout, le monde de Macron atteint quasiment la perfection pour les dirigeants de société. On comprend aisément que la France soit devenue le pays le plus attractif d’Europe pour les investisseurs étrangers.
Sur le site web du ministère de l'économie un portail traite des “aides publiques en faveur des entreprises “, et c’est un vaste sujet ! Il est précisé que “différents outils et organismes recensent et proposent des aides nationales ou locales, afin d'accompagner les entreprises”. Plein de guichets sont à votre disposition, il vous suffit de bien vouloir tendre la main monseigneur! La bienveillance est de mise.
On aimerait retrouver une telle sollicitude de l'administration dans d’autres services, chez France travail par exemple. Là, la stigmatisation grandissante des chômeurs, précaires et autres “assistés” sociaux est orchestrée de main de maître. La peur, la crainte du déclassement et de l’exclusion, diffuse lentement mais sûrement. Le patronat peut ’espérer disposer dans un avenir proche d’une main d’oeuvre parfaitement docile, et résignée à accepter des boulots de merde et des salaires de misère.
L’édition 2024 de “Choose France” se devait donc d’être un succès, et même “un succès historique” selon le vibrionnant Bruno Le Maire.
15 milliards d’investissements accompagnés de 10.000 emplois créés sont généreusement annoncés par ce bel aréopage de premiers de cordée. 10.000 emplois pour construire des data centers de pointe afin de développer l’IA, fabriquer des batteries pour les véhicules électriques, stocker et déstocker des tonnes de marchandises en tous genres dans de nouveaux entrepôts géants Amazon ou bien encore produire de la frite industrielle en masse.
Tout cela est effectivement enthousiasmant d’autant plus que cela va certainement permettre de préserver notre modèle social et d'accélérer la fameuse transition écologique décarbonée.
On se prend à rêver. . .
Une horde de chômeurs et de précaires ensauvagés, munis de pics et de fourches, prend d’assaut le château de Versailles, Macron quitte précipitamment l’estrade en pestant contre Darmanin, toute cette noble assemblée s’enfuie en courant et en maudissant ce pays de gauchistes et de terroristes. Et ce joli monde, couinant en débandade vers la sortie, se retrouve bientôt sur le pavé. La peur qui change de camp. . .
Versailles comme on l’aime !