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Billet de blog 15 mai 2023

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À Versailles, on accélère...

En pleine crise climatique, la priorité du gouvernement est désormais de réindustrialiser la France, de relancer la production et la croissance, en s'abritant derrière une prétendue transition écologique.

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Treize  ans après Nicolas sarkozy, qui s'était exclamé lors d’une visite au salon de l’agriculture  “l’environnement ça commence à bien faire ! “; Emmanuel Macron, dans la même  veine, en appelle aujourd’hui, alors même que les bouleversements induits par la crise écologique sont de plus en plus inquiétants, à une “pause réglementaire européenne” dans le domaine de la défense de l'environnement. Après avoir enterré les propositions de la Convention citoyenne sur le climat, le Chef de l’Etat affiche donc clairement son mépris pour la cause écologique à rebours d’ une communication gouvernementale qui ne trompe  personne. Une sorte de filiation politique relie Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy :  chez une certaine engeance, toutes  les décisions semblent s’inspirer d’une même logique : la logique du pire. 

La priorité du gouvernement doit être de réindustrialiser la France, de relancer la production et la croissance.

Pour gagner “la mère des batailles”, il faut donc se délester des normes sociales et environnementales, autant de freins à la productivité et la compétitivité sur un marché mondial très concurrentiel. 

Le chef de l'État considère sans doute que les normes environnementales seront bientôt superfétatoires puisqu’avec le projet de loi sur l’industrie verte, il entend “faire de la France la championne de l'industrie verte et des technologies qui vont permettre la décarbonation”. Avec une industrie verte par nature, nul besoin d’en rajouter ! 

La transition écologique se limitera désormais  à la décarbonation, toutes les autres solutions sont jugées déclinistes, on sait que le croissantiste forcené de l’Elysée ne veut pas du “retour à la lampe à huile” et  du “modèle Amish”. Emmanuel  Macron rêve d’une France parsemée de champs de panneaux solaires et d’antennes relais où le chant des éoliennes remplacerait celui des alouettes. Dans cette France sillonnée par de gros SUV électriques, gorgée d'entrepôts de produits numériques, les entreprises de fabrication de batteries seront les porte-drapeaux de l’écologie officielle. 

Contre toute évidence, on nous promet une nouvelle ère de progrès, de consommation  et de prospérité sans crainte.  

Car une économie décarbonée, même si elle consomme sans doute moins d’énergie fossile, est loin d’être propre et sans impact sur l’environnement : elle transforme aussi des matières premières, des ressources qu’il faut extraire, transporter, purifier, etc. Les fameuses terres rares, ces métaux essentiels à la technologie numérique, nécessitent une extraction et une exploitation particulièrement polluantes car elles sont disséminées dans la croûte terrestre en très petites quantités. Une puce électronique, l’élément de base de tous nos téléphones portables, consomme pour sa fabrication des dizaines de litres d’eau. A Taïwan dont les usines de semi-conducteurs sont parmi les plus importantes au monde, une sécheresse persistante risque d’impacter la production du fabricant TSMC, le leader mondial des semi-conducteurs, et attise la concurrence entre les usages industriels de l’eau et la consommation domestique (Lire ici)

Les nouvelles technologies sont en train de participer à l'épuisement d’un bien commun essentiel à la vie : l’eau.

Les investissements dans les nouvelles technologies décarbonées feront certainement l’objet de discussions  dans le cadre du sommet “Choose France” dont la 6ème édition se déroule au château de Versailles ce lundi et  qui a pour thème “investir pour un avenir durable “.  Emmanuel Macron y reçoit tous les grands pollueurs de la planète, il entend leur vanter l’attractivité de la France. 

Les périls s’accumulent mais chaque pays tente de  jouer sa carte personnelle dans une compétition internationale qui impose une marche forcée vers toujours plus de consommation et de technique.

Dérèglement climatique, accumulation de déchets et pollutions diverses, acidification des océans, artificialisation des sols, déclin de la biodiversité, etc, la face sombre du progrès nous apparaît de plus en plus clairement mais, dans le même temps, l’homme, et notamment l’homme occidental car il en profite le plus, persiste à privilégier sa face lumineuse, son aspect positif : toutes les possibilités nouvelles et le confort de vie immédiat que lui offre la technologie. 

Sans être maîtrisé et guidé par une  conscience universelle, le progrès technologique pourrait bien nous conduire rapidement vers le désastre. La décision  récente de Goeffrey Hinton, un des pères de l’intelligence artificielle, de démissionner  Google afin d’alerter le monde sur les dangers terrifiants de l’IA n’a pas eu un écho suffisant. 

À Versailles, Macron plaide pour des investissements massifs, des gigafactories afin de développer une électronique  “made in France” et accélérer la transition écologique.  Pendant ce temps, dans le sud de la France, on organise des processions pour implorer Dieu de faire tomber la pluie . . .

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