La France est en état d’épuisement démocratique. Le gouvernement Lecornu 2 ne peut qu’accentuer la désillusion et la colère qui envahissent la société française. Emmanuel Macron s’obstine à continuer la même politique avec la même petite caste discréditée. Son second quinquennat vire au vaudeville de boulevard avec des acteurs complices ou prisonniers d’un scénario répétitif dont ils ne peuvent s’affranchir. La pièce est d’une longueur désespérante avec des dialogues éculés mais le metteur en scène bénéficie d’un contrat en béton et il entend rester le maître des horloges.
Mais le maître des horloges pourrait ne pas le rester très longtemps, le compte à rebours est désormais enclenché.
Emmanuel Macron est lâché par son propre camp, il est incompris, vilipendé, voire détesté par bon nombre de ses anciens soutiens.
Pour aller jusqu’au terme de son mandat, Il ne lui reste qu’une petite poignée de compagnons de route avec à leur tête Sébastien Lecornu, un « moine-soldat », comme il se définit lui-même, qui a accepté une nouvelle fois, sans doute la dernière, de le servir « par devoir et pour donner à la France un budget pour la fin de l’année ».
Ce premier ministre sacrificiel qui bénéficie d’un délai de grâce de la part du PS va donc se mettre à la tâche pour doter la France d’un budget dans la même veine que celui concocté par ses prédécesseurs, un budget pour satisfaire les marchés financiers et susciter la confiance des créateurs de richesse et autres premiers de cordée qui engrangent toujours plus de subventions publiques tout en hurlant à la mort pour cause de surtaxes et d’ impôts confiscatoires.
Doter la France d’un budget pour réduire la dette publique, combler les nantis et relancer la croissance, voilà la priorité absolue du macronisme finissant !
Sous Macron, mais il faut reconnaître que ses prédécesseurs suivaient la même logique, la vie politique ne s’articule plus qu’autour d’enjeux économiques dictés par les grands groupes industriels et financiers et d’impératifs comptables.
Quelle soumission coupable, quelle irresponsabilité, quel aveuglement !
Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes, a révélé qu’elle avait été la seule, lors de la réunion rassemblant à l’Elysée les différents chefs de parti (à l’exception du RN et de LFI), à questionner le Président sur la prise en compte des enjeux écologiques dans le prochain budget.
Le décalage entre les préoccupations prioritaires des partis dits de gouvernement et l’urgence d’apporter une réponse à la dégradation accélérée de notre environnement est sidérant.
L’incidence des cancers en France (qui est une des plus élevées au monde) a doublé depuis les années 90, les cas de maladies neuro-dégénératives et d’allergies explosent mais l’abrogation de la loi Duplomb semble bien moins importante qu’une simple suspension de la réforme des retraites.
De même, on ne parle plus de l’impérieuse nécessité d’augmenter les aides à la rénovation énergétique des logements et d’arrêter les coupes budgétaires à l’encontre des énergies renouvelables alors que la baisse des émissions de gaz à effet de serre marque un temps d’arrêt ( en France les émissions de CO2 n’ont pas baissé au premier semestre 2025 selon le dernier baromètre du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique) et que le dérèglement climatique s’amplifie de manière spectaculaire.
Dans un rapport intitulé Global Tipping Points publié le 13 octobre, 160 scientifiques de 23 pays avertissent que le monde vient d’entrer « dans une nouvelle réalité » : de nombreuses composantes du système climatique menacent de basculer vers un nouvel état qui ferait encourir des risques catastrophiques à des milliards de personnes ».
L’urgence écologique ne peut attendre et dans ce domaine , les atermoiements, les renoncements, les reniements du pouvoir mais aussi de tous les partis dits de gouvernement (présentés par les grands médias comme des partis responsables) sont criminels. Tout se passe comme si la dégradation de notre environnement était désormais considérée comme inéluctable, relevant d’une sorte de fatalité tragique. Pourtant, renoncer à une véritable transition écologique, c’est courir un risque de crise systémique bien plus grand car la crise écologique va assurément aggraver toutes les autres crises et notamment la crise sociale.