La possibilité d’une présence incongrue au second tour de la Présidentielle et tout se ligue aujourd’hui contre Jean-Luc Mélenchon. La finance est inquiète et son ennemi l’est également. Soudain « la politique sent mauvais ».
Après avoir éliminé toute trace de socialisme dans la politique gouvernementale, François Hollande tente de discréditer le seul représentant de la gauche susceptible de lui succéder. Parlant d’expérience, il évoque le « péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l'on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte ».
Le Président ne devrait pas dire ça mais, peu importe, il est désormais inaudible.
Le quinquennat se termine et il se dégage de l’Elysée une odeur rance, une odeur de produit avarié. La date de péremption de cette Vème république corrompue est dépassée depuis longtemps. François Hollande est un président qui n’a plus aucune consistance ; il aura renoncé à tout, à ses engagements de campagne (très tôt), à redonner de la dignité à la fonction présidentielle, à réconcilier les français avec la politique, et finalement à se représenter. Il s’est enfoncé peu à peu, englouti par le libéralisme, perverti par une monarchie inopérante, discrédité par son incohérence. François Hollande a sombré, il est descendu au nadir de la politique ; il est désormais hors-jeu et parfaitement inutile, notamment à Emmanuel Macron, c'est-à-dire à celui-là même qu’il entend soutenir et qui se garde bien d’une référence aussi encombrante. Mais, sans doute contrarié et frustré d’une aussi morne fin, forcément exaspéré par l’audience grandissante de Jean-Luc Mélenchon, il tente encore, malgré tout, d’exister et délivre quelques confidences invisibles, décoche quelques flèches émoussées qui se perdent dans un océan d’indifférence ou de désapprobation. On ne sait trop si c’est une tragédie qui s’achève en comédie ou une comédie qui tourne à la tragédie.
Les états d’âme du Président sortant n’ont strictement plus aucune importance mais Benoît Hamon, le candidat naufragé de la Belle alliance, qui s’enfonce lui aussi un peu plus chaque jour, semble contaminé par le spleen Hollandais. L’amertume et la rancœur obscurcissent son jugement et sa lucidité. Distancé, handicapé par le terrible poids mort de l’appareil socialiste, il s’emploie contre toute logique à durcir la compétition et à dénigrer le seul candidat avec lequel il était lié par un pacte de non-agression. Il veut afficher plus clairement sa différence. Quand Jean-Luc Mélenchon harangue les foules et n’hésite pas à « raconter des histoires dans des meetings tout aussi réussis soient-ils », Benoît Hamon préfère le contact direct avec les français et leurs difficultés. Il cultive son image d’homme modeste, pondéré, réfléchi, responsable. Mais il veut organiser lui aussi son grand rassemblement place de la République à Paris en invitant « tous les Français, les Parisiens, les Franciliens à se mobiliser pour la gauche ».
La gauche est donc une nouvelle fois annexée et instrumentalisée par un clan, ce qui ne peut que la fracturer davantage. Hamon, en se maintenant dans une course perdue d’avance, se comporte désormais comme s’il préférait la chute collective à la réussite de la France insoumise.
En se retirant, il assurerait pourtant d’une façon quasi-certaine la présence de Mélenchon au second tour.
Sa responsabilité est désormais immense.
Il peut rejoindre le nadir hollandais ou, au contraire, contribuer à mettre la gauche alternative au zénith afin de construire un avenir en commun.