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Billet de blog 16 juin 2012

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Un système à bout de souffle

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Il y a tout d’abord ce taux d’abstention record : 42,7% ; près d’un électeur sur deux juge inutile de participer à l’élection de celles et ceux qui votent les lois de la République, un désintérêt qui traduit l’épuisement de notre système démocratique.

Il y a ces tractations, ces connivences misérables entre les représentants du FN et ceux de l’UMP qui vont de la référence aux valeurs communes au désistement pur et simple. Quoi qu’en disent les dirigeants de l’UMP, les alliances qui se nouent ici et là ne sont pas contre nature, elles traduisent au contraire la proximité idéologique des deux formations sur des thèmes que Nicolas Sarkozy s’est employé à mettre sur le devant de la scène politique, l’identité nationale, l’immigration, l’assistanat, etc . . . Depuis longtemps déjà, les idées xénophobes du Front National se diffusent à l’intérieur de l’UMP et l’osmose se réalise peu à peu. Les deux électorats aspirent à être mieux protégés des invasions et influences étrangères ; ils seront tous les deux trompés, floués et livrés aux marchands par leurs représentants : car nos élus de droite et d’extrême droite sont bien souvent pour un repli nationaliste et cocardier à Carpentras tout en plaidant pour un libéralisme nomade à Paris ou à Bruxelles.

Il y a cette affaire du tweet de Valérie Trierweiler. L’ordre politique s’efface devant le désordre conjugal et les jalousies de la « première dame », une personnalité au statut indéterminé mais auréolée de la toute puissance élyséenne (Mme Trierweiler disposerait au Château et aux frais du contribuable d’un cabinet composé de 4 à 6 personnes), capable par quelques signes d’amitié inopportuns d’hypothéquer - si l’on en croit la presse - cinq années de gouvernement socialiste et d’abîmer le destin national de son glorieux compagnon. Nous avons décidément en France des institutions baroques qui alimentent une certaine hystérie de la classe politico-médiatique. Tout ce qui émane du Chef de l’Etat ou de son entourage immédiat revêt une importance particulière et attise la curiosité et l’excitation des journalistes. Un petit tweet plutôt dérisoire, mais tout gonflé de vanité par cette surexposition médiatique anticipée, devient ainsi quasiment une affaire d’Etat.

Il y a enfin les résultats de ce premier tour des élections législatives : le Parti Socialiste et ses alliés traditionnels du PRG et des Divers Gauche recueillent 34,43 % des suffrages exprimés et seulement 19,39 % des inscrits. A l’évidence, le Sarkozysme dépassé, François Hollande et son équipe gouvernementale ne suscitent pas un engouement particulièrement fort. Ils vont pourtant concentrer entre leurs mains l’essentiel des pouvoirs de la République et appliquer leur programme social-libéral dans un contexte où la dimension sociale risque d’être réduite à la portion congrue. Sous la Vème République, le pouvoir est, par nature, peu enclin à la négociation et au compromis. Avec une assise aussi faible il court le risque d’un discrédit rapide. Dans une France tentée par le repli identitaire, les socialistes s’apprêtent à relever une fois de plus le pari perdu de la compétition, de la concurrence et de la croissance qui ne peuvent, à l’heure du capitalisme mondialisé et quelles que soient les mesures sociales destinées à en atténuer les effets pour les plus fragiles, qu’exacerber les tensions. Seul le choix inverse et véritablement assumé, tant au niveau international qu’au niveau national, de la coopération et de la solidarité serait susceptible d’enclencher une autre dynamique et de tarir le Front National qui prospère sur les désillusions et les décombres des politiques gouvernementales successives.

Peut-on se satisfaire d’un système qui démotive la citoyenneté, bride l’expression populaire, attise les frustrations et les haines et participe à la montée des extrêmismes ? Peut-on dans une soi-disant démocratie concentrer à ce point les pouvoirs ?

François Hollande, désormais dans sa bulle élyséenne, s’interroge-t-il vraiment ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, il y a urgence car le système est à bout de souffle.

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