Les élections législatives anticipées qui auraient dû sanctionner durement Emmanuel Macron et sa politique ne vont probablement pas permettre un véritable changement. Le désistement automatique au profit du candidat républicain le mieux placé était sans doute le seul mot d’ordre possible pour battre le Rassemblement national mais le front républicain a profité avant tout aux candidats présentés comme modérés et démocrates par la classe médiatique. Au sein du Nouveau Front Populaire, les candidats de la France insoumise, volontiers stigmatisés pour leur sectarisme, leur violence, et leur antisémitisme, ont souffert de l’ ostracisme réservé aux extrêmes et n’ont pas bénéficié de reports de voix à la hauteur de ceux enregistrés par les représentants des autres formations politiques. Un rééquilibrage des forces s’est opéré au sein de la gauche au profit des socialistes.
Et les macronistes, certes défaits dans un grand nombre de circonscriptions, ont malgré tout évité la déroute, ils demeurent bien présents dans la course au perchoir de l’Assemblée nationale et ambitionnent de former une coalition dont ils occuperaient la place centrale.
Le piège s'est donc refermé sur la France insoumise, les écologistes et le PC. L’ivraie (*) sociale-libérale a contaminé le champ des possibles à gauche. Le programme du Nouveau Front Populaire risque bien de n’être jamais appliqué. Les tensions au sein de cette coalition deviennent insurmontables. Les gauches sont de nouveau irréconciliables avec le retour de François Hollande et de toute une frange ectoplasmique du PS. La gauche radicale, celle qui a encore quelques convictions et qui veut traiter les problèmes à la racine, pouvait-elle d’ailleurs se réconcilier avec un parti socialiste qui veut simplement un peu plus de charité et un peu plus de greenwashing au sein d'une économie capitaliste et croissantiste qu’il ne remet nullement en question ?
Une planche pourrie menace désormais de faire s’écrouler tout l’édifice du Nouveau Front populaire. Les courants libéraux du PS sont à la manoeuvre pour faire dériver le NFP vers la droite macroniste et former un gouvernement républicain, démocrate, responsable, modéré, laïc, moderne, attaché au dialogue, etc, on connaît la rengaine, afin d’éviter le chaos et le naufrage de l’économie.
Le Nouveau Front Populaire peut-il survivre à la zizanie (*) actuelle ?
Pour cela, il faudrait qu’une clarification s’opère dans les rangs socialistes, et certainement pas dans le sens voulu par Emmanuel Macron !
( *) En botanique, la zizanie et l’ivraie sont des graminées non comestibles désignées comme des “mauvaises herbes”
D’après Wikipédia, étymologiquement, le nom « zizanie » désigne initialement une mauvaise herbe. L'étymologie est très ancienne puisqu'elle remonte au sumérien zizān (« blé ») (d'apr. Chantraine), qui l'a transmis au syriaque zīzon (qui désignait déjà l'ivraie et la mauvaise herbe), puis au grec ancien zizánion, puis au latin zizania — le mot est présent dans la parabole de l'ivraie (Mt 13:25) : « Pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie (zizanion) au milieu du blé et s’en alla », et d'après la traduction de la Vulgate : « icum autem dormirent homines, venit inimicus ejus, et superseminavit zizania in medio tritici, et abiit ». L'allusion fait référence aux semeurs de troubles et de division, d'où l'expression « semer la zizanie » c'est-à-dire causer la mésentente, des causes de discorde et de désunion.