"Maligne comme un singe,Taubira retrouve la banane". Le titre du journal Minute amplifie cette semaine, en les détournant, les propos racistes d'une gamine de 11 ans qui n'avait pas hésité à traiter la ministre de « guenon », le 4 novembre dernier, à Angers
La classe politique et médiatique s'insurgent contre cette « une ». Ils découvrent subitement la montée du racisme avec cet outrage extraordinaire qui touche une ministre et qui témoigne d' un racisme qui n'a plus de tabou, décomplexé, et qui ne craint pas de se donner en spectacle à côté du racisme ordinaire qui chaque jour discrimine, injurie, rejette, met à l'écart des anonymes.
Ce racisme extraordinaire est évidemment le prurit spectaculaire d'une xénophobie latente, souterraine, qui mine la société française et la république.Et ce racisme sournois est aussi le produit de la classe politique et médiatique.
Le journal Libération révélait en début de semaine avoir payé 50€ pour une interview de Léonarda Dibrani. Sur le net, le Figaro titrait, provocateur, « Leonarda veut changer les ministres » , en donnant la parole à la jeune fille : «On veut rentrer en France tous ensemble! Je sais que tous les ministres ne sont pas d'accord. Mais ceux qui ne sont pas d'accord, il faut les changer!». On imagine sans peine les discussions de café du commerce à ce sujet . . .
Depuis l'expulsion de la famille Dibrani, il ne se passe pas un jour sans que la presse ne nous révèle les turpitudes du père qui "a été placé en garde à vue pour un cambriolage en 2010 », les défaillances et les écarts scolaires de Léonarda qui « a été absente 66 demi-journées en 6e, 31 en 5e" , 78 en 4e et 21,5 depuis le début de l'année scolaire en cours », le comportement incivique et le manque de volonté d'intégration de l'ensemble de la famille qui a laissé le logement mis à sa disposition "dans un état de dégradation avancée".
La presse exploite volontiers ce genre de sujet particulièrement médiatisé et vendeur dans le climat ambiant. En mettant en avant de façon insistante les faiblesses et les travers d'une famille Rom qui n'est pas exemplaire, elle stimule le sentiment xénophobe à partir d'un cas particulier et tend à faire d'une exception un cas général. Et le racisme procède par essence de l'amalgame.
La classe politique n'est pas en reste, Le gouvernement en particulier porte sa part de responsabilité avec la politique de Manuel Valls qui n'oppose aucune résistance à la montée du racisme et de la xénophobie ambiante. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) a officiellement déposé plainte, mardi 12 novembre, contre le ministre de l'Intérieur pour provocation à la haine, la violence et la discrimination raciste. Manuel Valls avait déclaré au micro de France Inter, le 24 septembre dernier, que les Roms étaient des "populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation".
Manuel Valls est probablement incapable de mener une politique d'ouverture qui soit véritablement solidaire avec les populations étrangères.
Pour condamner les sifflets et les manifestations qui ont accompagné F Hollande lors de la commémoration du 11 novembre, Manuel Valls, probablement dominé par sa nature, ne trouve rien de mieux à faire que d'exalter, dans un registre paradoxal compte tenu de la cible de ses propos, la fierté nationale : «Il est vrai que l'extrême-droite n'aime pas la France et c'est ça qui la caractérise depuis toujours»
Des propos droitiers pour dénoncer l'extrême droite . . . Mais il est vrai que ce gouvernement n'en est plus à un paradoxe près.