Francois Hollande, le lundi 12 décembre sur RTL
« De toute manière, la logique de l'élection présidentielle, cette logique, ce principe existe depuis qu'il y a l'élection du président de la République au suffrage universel : c'est que le candidat prend ses engagements devant le pays... »
... Est-ce qu'ils seront très éloignés du projet socialiste, c'est ça la question ?
« Laissez-moi terminer. Il prend donc ses engagements devant le pays. Et donc, il y a, à chaque fois, un projet d'un parti, et le candidat prend dans ce projet ce qui lui paraît le plus essentiel. »
Bruno Dive, éditorialiste du journal « Sud-Ouest », le jeudi 15 décembre
« Hollande rompt l’air de rien avec le dogme du retour à la retraite à 60 ans prévu par le projet socialiste, . . . Ce n’est sans doute qu’un premier pas, une préparation des esprits socialistes au tournant de la rigueur . . . »
Pour le militant de la gauche alternative qui s’est engagé ces dernières années dans tous les mouvements destinés à combattre les projets de réforme de l’actuel gouvernement, pour le militant écologiste qui espérait que la catastrophe de Fukushima éveillerait les consciences de dirigeants socialistes trop souvent fascinés par le progrès technologique quel qu’il soit, pour le travailleur condamné à vieillir en entreprise afin d’accompagner l’augmentation de l’espérance de vie des cadres et des patrons, pour le démocrate qui rêvait d’une république citoyenne enfin libérée des oripeaux monarchiques de la Vème République, pour le militant du parti socialiste qui pensait naïvement avoir contribué à l’élaboration du programme de son candidat, pour toutes celles et ceux qui vivaient déjà l’élection de mai prochain comme une délivrance, les déclarations et revirements de François Hollande sont certes décevants mais ils ne peuvent malheureusement pas surprendre. Le candidat François Hollande postule désormais au poste suprême, il est touché par l’esprit de la Vème, investi d’une mission qu’il souhaite consensuelle et il prend ses distances avec le projet socialiste. Si il est élu Président, il fera, n’en doutons pas, ce qu’il voudra. Le nouveau corrézien est décidément bien dans le moule de cette singulière république qui vient d’être condamnée et ridiculisée par la justice (bien tardivement) en la personne de l’ancien Président Jacques Chirac. Notre pays et nos partis politiques n’en finissent pas de s’accommoder d’un régime qui infantilise ses citoyens et instrumentalise ses militants. Pour toutes celles et ceux qui luttent pour une véritable alternative, il faudra, une nouvelle fois, en mai 2012, se faire violence si le candidat du PS passe la barre du premier tour. Il faudra aller voter avec ses mauvais sentiments, avec la colère et le mépris que l’on peut éprouver à l’égard du locataire actuel de l’Elysée. Il faudra renvoyer, congédier un malfaisant sans être trop regardant sur son remplaçant. Il faudra se dire que décidément ce n’est plus possible, comparer malgré tout, imaginer la suite en cas d’un second mandat de Nicolas Sarkozy, envisager le pire pour se satisfaire d’un moindre mal. Il faudra ne pas refuser la perspective d’être à nouveau déçu et accepter l’augure de changements minimes ou du statu quo pour ne pas perdre encore davantage.
Il faudra trouver des dérivatifs, des motivations dérisoires . .. Il faudra tenter d’imaginer les mines réjouies et les discours de la droite en cas de nouvelle victoire, il faudra penser à la nouvelle réception au Fouquet’s ou au Crillon, il faudra imaginer Mireille Mathieu aux côtés de Johnny pour nous chanter la victoire des évadés fiscaux, il faudra imaginer le 20h de TF1.
En fait, plus que tout, il faudra être discipliné, se ranger derrière le leader de « la gauche » sans discuter, voter pour gagner, voter pour faire perdre, voter pour satisfaire les chefs, les appareils.
En fin de compte, pour battre la droite, le plus sûr c’est d’ adopter une culture de droite.
Et c’est cela la grande force du clan réactionnaire : avoir réussi à nous imposer une élection présidentielle qui , avec la réforme constitutionnelle voulue par Lionel Jospin, asphyxie désormais le débat démocratique, casse les ressorts citoyens et finit par assurer quoi qu’il arrive la victoire des puissants.