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Billet de blog 17 décembre 2023

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Au marché de la bonne conscience

La COP 28 a débouché sur un accord. C’était attendu, on serait tenté de dire “comme d’habitude”.  Ils nous ont encore fait le coup et ils le referont probablement l’année prochaine, à la COP 29 qui se tiendra en Azerbaïdjan. . .

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La COP 28 a débouché sur un accord. C’était attendu, on serait tenté de dire “comme d’habitude”.  Ils nous ont encore fait le coup et ils le referont probablement l’année prochaine, à la COP 29 qui se tiendra en Azerbaïdjan, un autre pays producteur de pétrole et de gaz. 

Les COP se succèdent et se ressemblent, elles se déroulent selon une dramaturgie désormais bien rodée. Avant le grand rendez-vous et tout au long des discussions, ce sont toujours les mêmes questions :  un accord sera-t-il trouvé ?  Le réchauffement global pourra-t-il être contenu en dessous de la barre fatidique des +1,5 ° ? Le monde va-t-il être sauvé? Les indigènes en provenance de territoires en passe d’être submergés par la montée des eaux ou de régions forestières impactées par les défrichements de l’agro-industrie viennent témoigner en costumes traditionnels. Les victimes collatérales du mode de vie non négociable des pays riches ont droit à leur fenêtre médiatique. On imagine que la pression est alors énorme sur les négociateurs. Le suspense est savamment entretenu, il y a souvent des prolongations. Les derniers points d’achoppement, une virgule mal placée, un adjectif inadéquat, finissent par être levés et le spectacle de ce volontarisme climatique peut alors offrir au monde son heureuse conclusion  : une résolution finale est adoptée et, sur scène, les organisateurs et principaux officiels se félicitent, se congratulent ( il leur est même arrivé de pleurer) et n’hésitent pas à parler d’un accord historique malgré l’absence d’engagements contraignants.

Pour John Kerry,  l’émissaire américain pour le climat, il n’y a pas de doute : la COP 28 débouche sur un accord historique par le simple fait qu’il prévoit une « une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques ».

Le monde s’engage dans une période de transition propice au développement de nouveaux marchés et, en bon capitaliste, il s’en réjouit. Parallèlement à la production et à la consommation d’énergies fossiles qu’il n’est pas question d’interdire ni même de limiter, les énergies alternatives vont étoffer l’offre disponible. Interviewé sur France Inter, il vante l’effort d’adaptation des USA, “les 88 nouvelles entreprises de batterie, les énormes efforts sur la création de l’hydrogène, sur la captation du carbone”. John Kerry est optimiste ; dans son esprit, nul doute que le dynamisme du capitalisme va lui permettre  de gagner la bataille du climat.  

On est typiquement dans une stratégie gagnant-gagnant si chère aux professionnels de la communication et du mensonge. On lutte contre le réchauffement climatique en soutenant l’activité industrielle. De nouvelles  énergies s’ajoutent à des énergies déjà existantes permettant d’accéder à un panel énergétique élargi pour le plus grand bien des consommateurs et accessoirement pour le plus grand profit des détenteurs de capitaux. 

C'est le règne du toujours plus et d’ une économie capitaliste qui réclame sans cesse de la croissance. Les COP permettent de promouvoir les  nouvelles technologies “vertes” censées limiter ou réparer les dégâts de la  société d’hyper consommation dictée par les pays riches. Le modèle  économique actuel n’y est évidemment pas remis en question, il y est même conforté. Les COP sont devenus un nouvel instrument du capitalisme mondialisé. Les firmes viennent y faire leur marché et s’y acheter une bonne conscience. 

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