François Bayrou remplace donc Michel Barnier et les médias dominants ressassent tous les stéréotypes et poncifs entendus maintes fois sur l’ami d’Henri IV ( d’après les dires de l'intéressé)
C’est “un homme de dialogue et de consensus” qui aime aller à la rencontre des gens, un élu local, maire de Pau, et il entend d’ailleurs le rester, attaché à son terroir, un Béarnais qui a les pieds sur terre, tout le contraire d’un technocrate détaché des réalités, n'est-il pas d’ailleurs fils de paysans ?
François Bayrou ne fait peut-être pas partie du microcosme parisien mais il n’est pas nécessaire d’en faire partie pour mener une politique technocratique inspirée par les dogmes économiques du moment. Malgré les conditions rocambolesques de sa nomination ( Il aurait tordu le bras du Président afin de l’obtenir, le vilain ! ), il insiste pour s’inscrire dans la continuité du macronisme. A propos d’Emmanuel Macron, il déclare dans une interview au JDD : “C’est un homme dont les gens ne se rendent peut-être pas compte de l’audace et du courage. Il n’y a rien de plus simple pour moi que de travailler avec lui (. . .) Ceux qui veulent écrire le récit d’un affrontement entre l’Elysée et Matignon seront démentis”
Le nouveau Premier ministre se présente donc avant même d’avoir constitué son gouvernement en Monsieur Loyal et en continuateur d’une politique néolibérale qu’il a d'ailleurs toujours soutenue. Deux égos boursouflés se partagent désormais un pouvoir exécutif considérablement affaibli, il n’y aura pas d’affrontement, pas de scission mais une sorte de fusion froide car les deux hommes ont malgré tout les mêmes convictions et les mêmes intérêts. La macronie reste en place avec celui qui est d’ailleurs à l’origine de son avènement ( en 2017, il avait apporté ses voix au jeune ambitieux qui voulait renouveler la sphère politique).
Cette promesse de travail en commun et en bonne intelligence n’est évidemment pas surprenante. François Bayrou est un ardent défenseur de l’ordre dominant, le cas échéant par la manière forte. Lors de la révolte des Gilets jaunes, il n’avait pas hésité à réclamer le déploiement des militaires de la force Sentinelle afin de faire face à un mouvement qu’il devait sans doute considérer comme éminemment subversif voire terroriste.
Pour les commentateurs de la sphère merdiatique, le nouveau Premier ministre qui a entrepris de recevoir tous les partis à l’exception de la France Insoumise représente l’espoir de la stabilité, le nouveau concept à la mode qui serait réclamé par les Français, sans doute victimes du syndrôme de Stockholm pour souhaiter le maintien en place de dirigeants qui ne cessent de les violenter et de les mépriser.
Invoquer la stabilité pour ne pas censurer un gouvernement qui représente au contraire avec sa politique économique, sociale et écologique la montée inéluctable du chaos, quel paradoxe !
L’année 2024, année la plus chaude jamais observée, a été marquée par une succession de catastrophes climatiques de grande ampleur. Le cyclone Chido vient de dévaster totalement Mayotte. Pour François Bayrou, cette catastrophe serait la conséquence “d’un cyclone d’une violence inattendue” . A propos du drame de Mayotte, François Bayrou veut sans doute ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire d’intelligent. Car ce cataclysme était malheureusement prévisible. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’un tel évènement se produise. Les victimes et les dégâts matériels de grande ampleur causés par le passage de Chido sont la conséquence d’une conjonction de facteurs bien identifiés et dont certains résultent directement de choix politiques. Mayotte est peuplée de gens qui ne sont rien, qui pour beaucoup ne sont même pas reconnus, des réfugiés ou plutôt des migrants indésirables qui n’ont pas d'identité, qui vivent dans des bidonvilles insalubres. L’extrême pauvreté et le dénuement de ces populations délaissées par l'Etat français les rendent particulièrement vulnérables au dérèglement climatiques et aux phénomènes météorologiques majeurs. Il a fallu cette catastrophe pour que Mayotte devienne un département français, un territoire de la République comme disent nos élites. C'est le temps de la déploration, de l'assistance, des élans d’empathie et de solidarité, Mais les larmes versées et les secours apportés maintenant ne rattrapent pas les errements et les fautes passées. Non, tout cela n’est pas le fruit du hasard, d’une violence inattendue mais bien d’une violence politique constante et délibérée qui a mené les Mahorais au chaos.
Et ce qui vient de se passer à Mayotte ne peut que se généraliser.
L’emballement climatique est en marche. Avec un réchauffement de +1,5° environ par rapport à l’ère préindustrielle, ça fait déjà mal, qu’un sera-t-il avec une augmentation de + 4 ° à la fin du siècle qui est l’hypothèse de travail du gouvernement dans son plan d’adaptation au réchauffement climatique ? Les avertissements de la communauté scientifique, des ONG, des opposants à une croissance économique et à un déploiement technologique sans limite sont de plus en plus pressants. Ils désignent un coupable : le capitalisme financier mondialisé et toutes les politiques qui le servent et l’alimentent. Mais François Bayrou et Emmanuel Macron se contentent de stigmatiser les accusateurs et leurs bras levés pour tenter de stopper un système devenu fou. “Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt”.
Alors, oui : il faut censurer, censurer, censurer sans retenue tous ces gouvernements et ces politiques qui nous plongent déjà dans la catastrophe écologique et sociale.
Il faut censurer ces irresponsables et tenter de construire un autre monde avant que la nature ne nous censure définitivement.