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Billet de blog 18 juin 2017

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après le libéralisme de droite et le libéralisme de « gauche », les Français semblent vouloir essayer le libéralisme du « centre », présenté par ses promoteurs comme une nouvelle manière de résoudre les problèmes de la société en rassemblant tous les libéraux dans un même panier fourre-tout. L’hémicycle va accueillir de nouvelles têtes qui sont toutes pleines des mêmes vieilles idées éculées. C’est le dégagisme à la mode Macron, une forme de lifting politique superficiel, une supercherie qui ne résistera pas à l’épreuve du temps mais qui se donne un air de jeunesse.

Ce nouveau  libéralisme de la « République en Marche » aura les mains libres car les résultats des législatives ne font plus de doute malheureusement. La majorité, issue d’un système électoral inique, sera écrasante et particulièrement menaçante pour tous nos droits acquis, droits  sociaux et droits environnementaux ; aucun contre-pouvoir n’est appelé à s’opposer aux velléités libérales du gouvernement Philippe. Ce sera un libéralisme encore plus dur,  servi par des représentants, qui, sous prétexte qu’ils sont issus de cette fameuse société civile, voudront nous faire croire qu’ils sont objectifs et non partisans.

En quoi des représentants de la société civile seraient-ils d’ailleurs plus fondés à défendre l’intérêt général ? Le monde professionnel est tout aussi perverti et gangréné par le culte de l’argent que le microcosme des vieux briscards de la politique. L’époque est globalement à la démesure libérale.   Ainsi, Carlos Ghosn, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan, vient-il, après l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires du groupe, de valider sa rémunération de 7 millions d’euros au titre de l’année 2016  et d’insulter ainsi l’ensemble des salariés de l’entreprise ( Au total, avec son salaire de PDG de Nissan et de Président non-exécutif de Mitsubishi, la rémunération de Carlos Ghosn devrait probablement avoisiner  les 20 millions d’euros cette année). Mais, tout cela est mérité. À coups de licenciements de restructurations, de blocage des salaires, Carlos Ghosn fait progresser le chiffre d’affaires et le bénéfice de Renault-Nissan. Salaire mirobolant, stock-options, bonus, tout est légitime et bon à prendre ! Alors pourquoi pas des superbonus ?  Grâce à un habile dispositif d’évasion fiscale, notamment par le biais d’une société immatriculée aux  Pays-Bas, Carlos Ghosn envisageait même de se verser des bonus additionnels - bien sûr non déclarés- afin de toucher une juste part des profits liés aux « synergies industrielles » entre Renault et Nissan.  

Carlos Ghosn, est une caricature du système oligarchique dominant. Dans notre système libéral transnational actuel, Carlos Ghosn est quasiment incontrôlable et verse dans la démesure.

Sans contre-pouvoir effectif et intransigeant, tout pouvoir dérive vers l’hubris. Macron aura un parlement à sa botte et il va s’offrir lui aussi ses super bonus libéraux : destruction du Code du travail, loi liberticide instituant un état d’exception permanent, allègement des impôts pour les grandes fortunes, etc.

Il va concentrer tous les pouvoirs pour appliquer un programme qui a recueilli l’assentiment d’une toute petite minorité de Français. Au premier tour de l’élection présidentielle, Macron n’a réuni sur son nom que 43% des électeurs inscrits et, parmi ceux-ci, seuls 16% se sont déterminés en fonction de son programme ( pour des explications plus complètes sur les votes,  lire l'enquête de l'institut Ipsos/Sopra steria ). Le second tour des législatives va déboucher sur une représentation nationale particulièrement déséquilibrée. Le propre des déséquilibres, c’est de ne pas être stable ; cela ne pourra pas durer.

C’est une offense à l’électorat et une outrance qui ne peut déboucher que sur l’éclatement de cette nouvelle bulle libérale qui a gonflé dans le vide laissé par les anciens partis de gouvernement.

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