Dans son roman “Soumission”, Michel Houellebecq décrit la dérive civilisationnelle d’une société française qui abandonne progressivement les valeurs de la civilisation occidentale , après l'arrivée d'un homme de confession musulmane à la tête de l’Etat. Après les affres d’une campagne électorale particulièrement dure, dans une sorte de résignation apathique, les Français se conforment placidement, sans protester, aux préceptes de l’islam. La soumission s’est installée.
Cette fiction nous renvoie à la situation actuelle, dans une sorte de parallèle à front renversé.
La crainte fantasmée de la montée de l’islam ( qui s’appuie notamment sur la théorie complotiste du “grand remplacement”) et notamment d’un islam intégriste, alimentée en permanence par un certain nombre de médias a favorisé la diffusion des thèses du Rassemblement national au sein de la société et permis les succès électoraux du mouvement. Symétriquement, la stigmatisation de l’islamo-gauchisme et de la dérive communautariste de la gauche dite radicale -et en particulier de la France insoumise - a certainement contribué à la décrédibiliser auprès d’une partie de son électorat.
La peur de la soumission à la barbarie islamiste débouche sur d’autres formes de soumission.
Aujourd’hui, après la dissolution de l’Assemblée nationale et le résultat des dernières élections législatives, le pays est de fait entre les mains de l’extrême droite et les dérives d’un présidentialisme autoritaire et coupé des aspirations populaires sont encore plus flagrantes et inquiétantes. La France est désormais un pays soumis aux thèses nationalistes et racistes de l’extrême droite et à un pouvoir illégitime qui entend bien continuer sa politique au service des puissances d’argent. Les institutions se révèlent incapables de résoudre la crise démocratique, Emmanuel Macron peut continuer impunément et tranquillement, après avoir été massivement désavoué, à soumettre les Français au diktat des intérêts privés et d’une austérité budgétaire qui menace l’ensemble des services publics. Cette barbarie insidieuse est criminelle : elle fait directement ou indirectement de nombreuses victimes parmi les plus démunis tandis que les riches dépensent et gaspillent sans compter.
La corruption du pays devient au fil des scandales qui affectent la classe dirigeante de plus en plus évidente mais rien ne paraît devoir changer.
Depuis le début de son règne, notre monarque “républicain” s’est entouré d’un monde affairiste et interlope, peuplé de mis en examen, d’escrocs notoires, de personnages troubles comme Thierry Solère, conseiller officieux qui s’emploie à tisser des liens entre l’exécutif et l’extrême droite. Tout un univers foireux est à la manœuvre et les scandales succèdent aux scandales sans que personne ne s’en offusque réellement dans les médias dominants ; une soumission totale liée sans doute à des intérêts de classe bien intériorisés ! ! La toute dernière affaire de collusion en date ( on ne les compte plus !) avec la ministre “démissionnaire” Aurore Bergé, mise en cause dans le livre de Victor Castanet “Les ogres” pour avoir soutenu secrètement le lobby des crèches privées démontre une nouvelle fois l’étendue des ravages causés par l’affaissement des frontières entre le public et le privé. Les désordres et les drames, humains et écologiques, causés par l'âpreté au gain sans limite du système s’amplifient chaque jour un peu plus, sans qu’une réaction véritablement significative prenne corps.
La macronie exhale des relents de pourriture avancée mais le Président Mc Kinsey *, le premier responsable de tous ces maux et de ce naufrage collectif est toujours là, bien en place. Ce pouvoir décrédibilisé va mettre la barre à droite pour soumettre un peu plus la population alors qu’il devrait se démettre.
Dans un tel contexte, la demande de destitution du Président de la république déposée par la France insoumise, même si elle n’a aucune chance d’aboutir, est malgré tout un symbole important : Emmanuel Macron ne représente plus à l’évidence le peuple Français, il n’entend pas respecter la volonté populaire mais au contraire poursuivre une politique désavouée à plusieurs reprises, dans la rue et dans les urnes. Cette demande de destitution est un signal de résistance salutaire pour que cesse notre soumission, elle devrait être approuvée par l’ensemble du Nouveau Front Populaire.
(*) en référence à l’enquête de Cash investigation sur l’implication de ce cabinet dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2017.