Pour une police républicaine

C’est un télescopage malheureux : au moment où François Hollande reconnaît officiellement le 17 octobre 1961, la justice prononce un non lieu dans l’enquête sur la mort d’Ali Ziri (article de Louise Fessard). Ce non-lieu montre à quel point les propos du député UMP Christian Jacob qui a jugé qu’il était  «intolérable de mettre en cause la police républicaine et avec elle la République tout entière» sont déplacés et dangereux. La police reste républicaine si les responsables qui sont chargés de l’encadrer ,et au premier chef le Ministre de l’Intérieur, sont eux-mêmes des républicains respectueux de la loi et de la devise de la République. Sous Papon, les policiers sans grande rigueur éthique étaient prêts pour la grande traque aux « bougnoules » du 17 octobre,  ils savaient qu’ils avaient carte blanche, que leurs exactions seraient impunies. Cinquante ans plus tard, la police reste malheureusement dangereuse car ses bavures et ses dérives sont encore beaucoup trop souvent couvertes par la hiérarchie ou par la justice ce qui est encore plus grave. Les dernières affaires, notamment celle concernant la BAC de Marseille, démontrent la faiblesse pitoyable de la hiérarchie policière et l’urgence du rétablissement de l’ordre dans une corporation qui se doit d’être exemplaire. Le port du matricule doit au minimum être de nouveau imposé à tous les agents chargés du maintien de l’ordre. D’autres mesures devraient être prises comme par exemple l’interdiction du flash-ball, arme létale qui n’a pas sa place dans la panoplie du policier républicain. Pour l’instant Manuel Walls a semblé plus réceptif aux arguments des syndicats de police qu’aux associations de défense des droits de l’homme. Ce ministre invoque très souvent la République pour justifier sa politique, il est grand temps de la convoquer pour rappeler à l’ordre républicain les fonctionnaires de son ministère.