Si la parole politique était cotée en bourse, nul doute que son cours serait actuellement au plus bas. Nicolas Sarkozy en est bien évidemment un des tout premiers responsables : chaque jour ses mensonges et ses outrances accentuent la perte de confiance entre les citoyens et leurs représentants. Son dernier discours à Bordeaux sur la fraude sociale est un modèle de manipulation des chiffres et des esprits. Mais les dernières péripéties et les rebondissements du pseudo-accord Verts/PS ne peuvent que dégrader encore la valeur des discours et engagements politiques, bientôt ravalés au rang de boniments de camelots.
Face à leurs partenaires, les Verts ne disposaient d’aucune arme de dissuasion véritable ( Les 5% d’intentions de vote attribuées à Eva Joly par les instituts de sondages restent quasi- mieux vaut le déni de réalité que la reconnaissance de l’échec ! Et après avoir fait l’éclatante démonstration que l’électorat ne devait accorder aucune importance à sa parole politique, confrontée à la duplicité du parti socialiste, Cécile Duflot déclare bravement sur France2 qu’elle n’a « aucun doute que la parole qui a été donnée sera tenue ». Nous sommes au royaume d’Ubu roi.
Cette malheureuse affaire discrédite un mouvement qui pouvait se targuer d’avoir fait preuve d’une certaine clairvoyance. En se voulant désormais un parti de gouvernement aux côtés du PS, EELV privilégie clairement la perpétuation du système en place à la remise en cause de l’ordre établi. Cet ordre n’a nullement besoin de visionnaires mais seulement de gestionnaires . La politique au sens noble du terme n’y a plus réellement sa place : des technocrates suffisent comme le montre la désignation récente des ministres grecs et italiens. Nos gouvernants organiseront encore, à intervalles réguliers, des élections pour donner le change et faire vivre nos illusions démocratiques mais pour combien de temps ? La crise financière, la crise sociale, la crise écologique tissent peu à peu un entrelacs de contraintes qui amenuisent nos libertés et fragilisent la démocratie. La corruption des esprits et le défaitisme des élites accélèrent ce processus mortifère.
Pour s’en sortir, il nous faudra vraiment avoir plus de constance dans l’indignation et plus de conviction que les responsables d’EELV.