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Billet de blog 19 mai 2018

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Un sursaut d’indignation pathétique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nicolas Hulot veut « simplement avoir un sursaut d’indignation et de réaction ». Il vient d’annoncer à Marseille un plan pour sauver la biodiversité nationale. Sans doute doit-il considérer que la loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des  paysages », promulguée le 8 août 2016 sous le quinquennat précédent,  a déjà fait la preuve de son insuffisance.

Mais Nicolas Hulot s’indigne au nom de la sauvegarde de la biodiversité au moment même où les bulldozers de la gendarmerie rasent les cabanes de Notre Dame des Landes, quand  le bocage de cette zone humide est labouré par des engins à chenille. Un mois à peine après les premières expulsions, les tirs et les explosions des grenades couvrent à nouveau  le chant des oiseaux en pleine période de nidification.

Nicolas Hulot s’indigne de la disparition des espèces animales et végétales  mais semble de plus en plus hésitant sur le dossier du glyphosate qui devait initialement disparaître des campagnes françaises dans un délai de trois ans. Se prépare-t-il à céder  devant les revendications de son collègue Stéphane Travert et du lobby de la FNSEA quand il déclare notamment : «  je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse : si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions » ?

Nicolas Hulot s’indigne de la disparition des forêts primaires et  voulait "fermer la fenêtre d’opportunité qui permet d’incorporer de l’huile de palme dans les carburants" mais, dans le même temps,  il avalise le démarrage de la « bioraffinerie » TOTAL de  La Mède qui prévoit de traiter environ 300.000 tonnes d’huile de palme par an en provenance de plantations d’Indonésie qui  constituent  la principale cause de la déforestation de la forêt tropicale de cette région (Lire ici) . Les derniers orangs-outangs sont bien loin ! « « Il y a des tragédies invisibles et silencieuses dont on s’accommode ».

Nicolas Hulot s’indigne mais le projet de la Montagne d’Or en Guadeloupe qui menace de balafrer et de polluer un vaste secteur de la forêt  guyanaise est activement soutenu par le Chef de l’Etat Emmanuel Macron (LIre ici).

Nicolas Hulot s’indigne de l’artificialisation des sols  mais compte-t-il faire obstacle au projet Europacity qui vient d’être relancé par le gouvernement et qui prévoit de bétonner des centaines d’hectares de terres agricoles fertiles aux portes de Paris pour construire un vaste centre commercial comportant entre autres une piste de ski artificielle  (Lire ici) ?

Combien de motifs d’indignations, combien de déclarations d’intention, combien de discours tonitruants et de communications alarmistes, combien de tintamarres médiatiques  suivis par le silence du renoncement ?

 La sauvegarde de la biodiversité n’est pas la priorité de ce gouvernement dont l’imposture écologique est désormais personnifiée par Nicolas Hulot. Sa politique environnementale  se réduit presque à encourager ces petits gestes individuels pour la planète,  compatibles avec la société de croissance et d’hyper- consommation,  dont le site du ministère de la Transition écologique et solidaire fait la promotion :  purger ses radiateurs, installer des ampoules LED, couvrir les casseroles pendant la cuisson, trier, recycler ses déchets, etc ( ici).

L’addition de ces petits gestes ne peut évidemment pas contrebalancer les désastres d’une politique globalement de plus en plus énergivore et prédatrice, les petites sources d’économie  vont se perdre dans l’océan du gaspillage généralisé.

Nicolas Hulot s’indigne à la manière de l’arroseur arrosé, il nous alerte sur les ravages provoqués par une politique dont il est solidaire et coresponsable.  

Il y a des petits gestes pour l’environnement mais aussi des petits cris insignifiants, impuissants, pathétiques ; le nouvel appel  de Nicolas Hulot en fait partie.

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