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Billet de blog 19 juin 2016

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Quand on n’a plus rien à se dire

Entre le pouvoir socialiste et le peuple, le divorce est consommé. Quand tout dialogue devient impossible, la tentation de la violence grandit.

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Myriam El Khomri et Philippe Martinez se sont donc  rencontrés. Pour la ministre du Travail, « c’était important de renouer le dialogue avec la CGT ». Mais dialoguer quand on n’a plus rien à se dire est une entreprise bien difficile. L’échec était programmé. Entre Myriam El Khomri  et les sept organisations syndicales qui refusent sa loi,le divorce est consommé mais personne ne veut endosser la responsabilité de la rupture. Il faut donc communiquer, communiquer sans cesse pour justifier l’absence de communication ; il s’agit là d’une forme de vide, d’un puits sans fond qui ne peut être comblé.

Le dialogue social n’a jamais été autant mis en avant et loué par le pouvoir socialiste alors même qu’il est purement factice et qu’il est instrumentalisé à des fins de propagande et de manipulation. La politique économique et sociale du gouvernement, sous la dictée du MEDEF, est outrageusement déséquilibrée et nourrit les fantasmes d’un patronat qui  rêve d’un salariat entièrement sous sa coupe.  Les positions des uns et des autres sont désormais trop éloignées pour qu’un rapprochement  puisse  s’opérer.  Sous ce quinquennat  converti au néo-libéralisme, les entreprises veulent  pousser aussi loin que possible leurs avantages  et les partenaires sociaux sont désormais des adversaires irréductibles ;  l’échec des négociations sur l’assurance-chômage le démontre une nouvelle fois. 

L’exécutif ne peut plus jouer son rôle de pacificateur. Il y a bien longtemps - sans doute depuis le discours du Bourget - que le peuple  et son gouvernement ne sont plus sur la même longueur d’onde. Les Français peuvent vibrer pour leur équipe de football mais certainement pas en écoutant  leur Président ou ses ministres. Il faudrait pour cela qu’ils se mettent dans le tempo de la finance et du patronat et adoptent un pas cadencé au  rythme des PDG, des actionnaires ou des spéculateurs.  

Eh bien c’est non, non et encore NON ! Le peuple s’y refuse.

Alors, sans dialogue, il ne reste plus que l’affrontement. L’adversaire doit être défait, contraint.

Et cette semaine, un cap a été franchi. Les agissements de casseurs organisés et les dégradations occasionnées à  l’hôpital Necker lors du défilé du mardi 14 juin dans les rues de Paris pour protester contre la loi El Khomri,  ont été instrumentalisés  sans aucune retenue par François Hollande et Manuel Valls afin de discréditer la résistance à leur politique. Les défaillances incompréhensibles des forces de l’ordre pourtant suréquipées n’ont pas été questionnées et la responsabilité de ces violences, dénoncées à l’envi par  tous les grands médias, a été uniquement  imputée aux services d’ordre des syndicats.

Un syndicat en particulier, la CGT, présenté comme l’organisateur de la manifestation, est montré du doigt, désigné à l’opprobre public et à l’indignité nationale, alors même que le couple de policiers, assassiné par un islamiste fanatique à Magnanville,  est érigé en  symbole de dévouement. Le pouvoir n’hésite pas, dans un calcul politicien ignoble, à jouer sur l’émotion suscitée par ce double meurtre et par l’hospitalisation du petit garçon, orphelin du couple, à l’hôpital Necker. Par amalgames successifs, on assimile les manifestations contre la loi El Khomri  à des rassemblements de casseurs prêts à tuer en envisageant désormais de les interdire. Pour Manuel Valls "Quand on balance des parpaings particulièrement lourds, c'est qu'on veut faire mal, c'est qu'on veut tuer un policier".

En attisant la colère et le ressentiment des forces de l’ordre, le pouvoir, comme le souligne Philippe Martinez, « joue les pyromanes » ; il exerce une pression  odieuse sur les organisations syndicales, fait monter les passions, hystérise le débat, et exacerbe un corporatisme policier virulent et dévoyé.

 A l'heure où de nombreux manifestants pacifiques ont déjà été  blessés gravement lors de précédentes manifestations, il fait le choix d’absoudre par avance de nouvelles bavures  pour imposer une loi illégitime ; c’est véritablement criminel.

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