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Billet de blog 20 février 2025

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La Pax americana de Trump

Peut-on vouloir la paix en facilitant sans cesse les conditions de la guerre ?

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Il est arrivé comme un chien dans un jeu de quilles, c’est le grand chamboulement : des alliances que l’on croyait intemporelles se défont, d’autres se nouent, l’Union Européenne se retrouve désormais prise en étau entre deux adversaires, les USA et la Russie.

L’élection de Trump à la présidence américaine a rebattu les cartes d’un jeu international dont les règles échappent de plus en plus à l’ONU, impuissante à faire respecter le droit et à régler les conflits en cours. Les États-Unis se posent désormais en arbitre, en gardien d’un ordre qui doit avant tout satisfaire leurs intérêts. La décision de Donald Trump de sanctionner Karim Kahn, le procureur de la Cour pénale internationale, l’accusant d’avoir « engagé des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël » correspond à cette ambition et à la volonté de s’ affranchir totalement de toute tutelle ou autorité supranationale. Le nouvel impérialisme américain ne supporte aucune contrainte, ne reconnaît aucune instance susceptible de s’opposer à sa vision du monde et de contrecarrer ses plans et notamment ses visées expansionnistes aussi bien territoriales que technologiques. Donald Trump se veut l’artisan d’une paix imposée à ses conditions. Ce dictateur élu ne connaît que le langage de la force.

Le monde sera plus libre et plus sûr à condition d’accepter le joug de la Pax americana.

Le président américain, à la tête de la première puissance militaire mondiale, est d’autant plus dangereux qu’il se sent investi d’une mission.

N’est-il pas celui qui a survécu à une tentative d’assassinat lors d’un meeting de campagne , un véritable miraculé ? Protégé par Dieu, il se doit de défendre les valeurs éternelles, immuables, de la civilisation occidentale et de mettre en œuvre une forme d’évangélisme extrémiste pour lutter contre toutes les dérives wokistes et un affadissement des mœurs.

Trump déploie donc sa politique avec toute la brutalité et l’assurance d’un élu de Dieu et du peuple américain.

Et toute la fachosphère est rassemblée derrière lui, derrière l’étendard de la chrétienté et du judaïsme. Toute l’extrême droite européenne vibre à l’unisson en écoutant les discours de D Trump et de J.D.Vance qui exaltent en permanence les valeurs conservatrices en dénonçant les ravages d’une trop grande permissivité. Le porte-voix gigantesque des réseaux sociaux amplifie et répercute à l’infini cet appel réactionnaire dans un monde où la peur de l’autre et l’angoisse dominent.

Ces nouveaux croisés livrent leur bataille idéologique sur un théâtre mondial où tous les acteurs sont embarqués dans une compétition féroce. Un capitalisme carnassier, obsédé de croissance, impose les règles du jeu, rythme la vie économique et sociale, exacerbant les tensions et les conflits entre les nations. Partout le budget des armées augmente, les entreprises du secteur de l’armement voient le cours de leurs actions monter en flèche. L’exaltation des valeurs traditionnelles et la discipline militaire vont de pair, l’armée recrute.

Il paraît que Donald Trump rêve pourtant du Prix Nobel de la Paix. Mais peut-on vouloir la paix tout en facilitant sans cesse les conditions de la guerre, sa devise ne serait-elle pas "Si tu veux la guerre, prépare la paix" ?

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