Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

650 Billets

3 Éditions

Billet de blog 20 juillet 2022

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Existe-t-il un instinct collectif de survie ?

Les prémices de la catastrophe sont là mais nous ne croyons toujours pas à  une forme d’effondrement qui se dessine de plus en plus nettement, celui  qui risque d’emporter notre civilisation.

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Deux épisodes caniculaires alors que l’été n’en est qu'à ses débuts, des incendies hors-norme, une sécheresse quasi-généralisée, des orages de grêle dévastateurs,  une septième vague de covid en attendant la huitième, etc.  La catastrophe s’insinue dans nos vies, graduellement mais à un rythme que personne n’aurait soupçonné il y a seulement quelques années. Il y a des événements marquants, brutaux, traumatisants, ce sont les phénomènes météorologiques extrêmes, mais il y a aussi tout ce qui est invisible, insidieux : la perte de biodiversité,  la pollution généralisée liée à la civilisation industrielle,  la fragilisation du vivant, etc.  Les prémices de la catastrophe sont là mais nous ne croyons toujours pas à  une forme d’effondrement qui se dessine de plus en plus nettement, celui  qui risque d’emporter notre civilisation. La catastrophe est inconcevable. Nous sommes finalement incapables d’imaginer un monde où la température moyenne  aurait augmenté de 3° ou 4°, nous ne voulons pas envisager un monde ravagé, livré à la violence, et devenu invivable pour une grande partie de la population mondiale.  Et finalement, nous nous habituons . Dans son ouvrage “ Pour un catastrophisme éclairé”, Jean-Pierre Dupuy analysait la difficulté pour l’homme d’appréhender et de prévenir la catastrophe  : “ Le temps des catastrophes, c'est cette temporalité en quelque sorte inversée. La catastrophe, comme événement surgissant du néant ne devient possible qu’en se possibilisant pour parler comme Sartre ( … ) C’est bien là la source de notre problème. Car s’il faut prévenir la catastrophe, on a besoin de croire en sa possibilité avant qu’elle ne se produise. Si inversement, on réussit à la prévenir, sa non-réalisation la maintient dans le domaine de l’impossible et les efforts de prévention en apparaissent rétrospectivement inutiles “    

Nous commençons bien à ressentir collectivement que nous faisons fausse route mais le système nous incite en permanence à fermer les yeux sur les conséquences de nos choix de vie au quotidien. Et nos dirigeants qui sont les tenants du système en place, nous maintiennent  en permanence un bandeau sur les yeux.  Le télescopage dans l’actualité de la semaine des événements liés au réchauffement climatique et du débat  sur le pouvoir d’achat des Français et  la hausse du coût de l’énergie agit comme un révélateur. La priorité politique absolue est bien de sauvegarder l’ économie capitaliste telle qu'elle fonctionne actuellement. avec un gaspillage insensé d’énergie, notamment de la part des plus riches, et non pas de prendre les mesures drastiques  qu’imposerait une guerre résolue contre le réchauffement climatique. C’est bien pour réduire notre facture énergétique et non pas pour des questions environnementales que le gouvernement  envisagerait d’interdire cet hiver  le chauffage des terrasses en extérieur !!!

Dans ce contexte, les mesures prises pour le pouvoir d’achat, concept qui mérite d’être questionné ( Lire ici ), ne peuvent être que décevantes et injustes. Il n’est nullement question de redistribution et de demander un effort aux plus favorisés : aucun nouvel impôt, aucune taxe supplémentaire instaurée pour les plus hauts revenus. Il serait pourtant urgent d’encourager voire d’imposer une certaine sobriété. Il y a certes un problème de pouvoir d'achat pour les plus démunis qui ne peuvent même pas se loger, se nourrir, se vêtir correctement mais pour beaucoup de Français le pouvoir d'achat c'est aussi le pouvoir de consommer des tas de saloperies qui contribuent à détruire inexorablement notre environnement. Quand on pense, alors même que le cycle de l'eau est déjà gravement perturbé, que des bassines sont désormais aménagées en haute montagne pour alimenter des canons à neige, que les jet skis continuent à proliférer sur les plages, que les Monster Truck shows attirent toujours autant de monde dans les stations balnéaires, que Apple va bientôt sortir son iphone 14, que les antennes 5G se déploient sur tout le territoire, etc, etc.  

Le pouvoir de vivre dignement et de manière responsable disparaît, emporté par la gourmandise d’une société qui ne se fixe aucune limite, libéralisme oblige.

Nous sommes les esclaves consentants de la société de consommation. Nous savons bien que nos responsables politiques ne feront rien qui puisse contrarier la croissance et la bonne marche d’une économie marchande guidée uniquement par des intérêts privés et principalement par ceux des grands groupes industriels et financiers. La “sensibilité” écologique qui se développe avec la prise de conscience  des périls environnementaux ne peut changer fondamentalement la donne, les petits gestes ne peuvent suffire :  nager à contre courant n'a jamais pertubé le cours d’ un fleuve. 

Le capitalisme, marqué par un développement industriel et technologique effréné,  a perverti et asservi l’ensemble de la société ; il est à l’origine de nos maux actuels. Il serait illusoire de penser que nous combattrons le dérèglement climatique, la pollution, l’effondrement de la biodiversité en investissant encore plus dans un modèle qui en est justement la cause. 

 Il faut impérativement changer de paradigme et vite ! Existe-t-il un instinct collectif de survie chez l’espèce humaine ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.