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Billet de blog 20 septembre 2025

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Il y avait du monde ce jeudi 18 septembre dans les rues de Bordeaux : travailleurs syndiqués et non syndiqués, chômeurs, étudiants, lycéens, retraités, vraiment beaucoup de monde ! Sans doute largement plus de 10.000 manifestants – le chiffre avancé par le journal Sud-Ouest - s'étaient donné rendez-vous pour défiler en criant leur colère, en tambourinant, en dansant pour accompagner des chants révolutionnaires, en déclinant leur exaspération au moyen de slogans imaginatifs et percutants. Toutes et tous étaient là, réunis et unis, pour exiger une autre politique. La dérision, le sarcasme, l'humour noir, toute une gouaillerie impertinente s'étalaient sur des pancartes brandies dans le cortège.

Cependant, les mots, même lancés avec force, restent des mots, ils résonnent et font vibrer la rue militante mais ils n'ébranlent pas les palais nationaux, à l'écart du tumulte. Ils ne peuvent bloquer le cours des choses. Le pouvoir est claquemuré dans ses ministères et dans ses certitudes.

Compte-t-il réellement entendre la rue quand il se refuse obstinément, presque maladivement, à tenir compte du résultat des urnes ? Désormais, il va devoir répondre à l'ultimatum syndical mais comment imaginer que la prochaine réunion ne tourne pas une nouvelle fois au jeu de dupes ?

Les macronistes vont continuer à communiquer, à tergiverser, à louvoyer pour éviter les plus gros écueils et une censure immédiate mais il est évident que la rupture n'est pas pour demain. La nature profonde du régime ne change pas, et il dérive inéluctablement vers toujours plus de libéralisme, toujours plus d'autoritarisme, toujours moins de démocratie. Espérer une véritable politique sociale et écologique avec Emmanuel Macron, autant vouloir arrêter la dérive des continents !

La colère enfle et déborde de plus en plus dans la rue mais le nombre de manifestants a-t-il vraiment beaucoup d'importance ? Des défilés gigantesques mais paisibles, pacifiques, encadrés strictement par des cordons de CRS peuvent-ils changer la donne? Des millions d'électrices et d'électeurs, encore confiants dans la démocratie, dont le poids est théoriquement plus considérable, n'ont pas réussi à infléchir une politique réprouvée par une immense majorité de Français (car il y a aussi toutes celles et eux qui ne votent plus), bien au contraire. Les médias dominants parlent encore souvent de majorité présidentielle pour désigner le bloc central accréditant l'idée du caractère quasi immuable de la confiscation du pouvoir. `

Le vote populaire ne peut plus soumettre un Président sous une Vème République qui tient plus que jamais de la monarchie présidentielle.

Le pouvoir entend continuer malgré tout à sauver les apparences. La France est un pays libre et une grande démocratie : le droit de manifester est inscrit dans la Constitution tout comme le droit de vote pour toutes celles et ceux qui jouissent de leurs droits civils.

Notre république affiche en permanence ses principes, gonfle le torse, se rengorge volontiers de son histoire, de ses valeurs, multiplie les belles déclarations mais tout cela n'est plus que faux-semblants, artifices et illusion. Une petite caste dirige le pays sous l'autorité des grandes entreprises et du marché qui est en quelque sorte l'entité suprême, indépassable, impossible à transgresser.

Notre police veille avec des moyens de plus en plus intrusifs au respect de l'ordre dominant mais, affublée de l'épithète « républicaine », elle est aussi un instrument de la communication du pouvoir, un acteur de la grande mascarade et de l'imposture générale : malgré les éborgnés, les amputés, les traumatisés à vie, malgré toutes les provocations et les violences policières qui émaillent les manifestations, elle serait là avant tout pour permettre l'expression du droit de manifester ! Sur une chaîne d'info en continu, un représentant syndical de Sud s'est fait reprendre par toute une brochette de journaleux et partisans de l'ordre établi parce qu'il se refusait à dire merci aux forces de l'ordre pour avoir encadré la manifestation parisienne qui s'était déroulée sans violence ! On en est là aujourd'hui : il faut dire merci pour ne pas se faire tabasser par les CRS, dire merci à Lecornu parce qu'il renonce à la suppression de deux jours fériés, dire merci à Macron parce qu'il assure la stabilité des institutions !

Souriez et dites merci, vous êtes exploités mais vous pourriez l'être encore bien davantage !

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