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Billet de blog 21 février 2012

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Le temps du cerveau reptilien

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Quinze mille militants UMP se sont réunis, dimanche dernier, à Marseille, pour applaudir le discours de leur leader et pour participer à la fable du Président affairiste et dominateur qui se transforme, le jour venu, en un simple candidat à l’écoute du peuple français . Quinze mille cerveaux reptiliens (*) réceptifs à toutes les manipulations et toutes les outrances.
«  La raison et la politique suivent rarement le même chemin » : cet aphorisme de Stefan Zweig  résume bien l'entrée en campagne de N.Sarkozy.                                                                                                                                                                                                           

Notre candidat président entend bien situer le débat politique sur le terrain de l’affectif en ravivant les passions et tous les  vieux démons, tapis au cœur d’une France réactionnaire qui constitue désormais son cœur de cible. Nous sommes dans une logique marketing où les électeurs sont appréhendés, traités avec  la même fausse empathie, le même intérêt méprisant, les mêmes techniques de conditionnement que les consommateurs.  Des craintes et des frustrations irrationnelles comme la peur de l’étranger ou la dénonciation d’un assistanat sans contrepartie sont exacerbées, stimulées, alors même que des dangers autrement plus redoutables sont niés ou passés sous silence, comme par exemple le prolongement de la durée d’activité de nos centrales nucléaires ou la pollution induite par l’agro-business. L’extrême droitisation et la violence implicite des déclarations de Nicolas Sarkozy obscurcissent désormais le débat et « remplacent le combat d’idées » comme l’a justement déploré Corinne Lepage. Jusqu’au mois de mai prochain, le chef de la « France forte » va jouer sur l’émotion et tenter de dramatiser les enjeux ; compte tenu de son bilan, c’est la seule stratégie qui vaille : un électeur raisonnable ne peut lui être favorable.  Ce pari jusqu’au-boutiste risque malheureusement de pervertir les deux derniers mois de cette campagne présidentielle car les institutions de la Vème République et le fonctionnement des médias font de Nicolas Sarkozy un acteur central.  Par son discours outrancier, N Sarkozy accentue le phénomène de bipolarisation mais aussi, dans le même temps, insidieusement, déplace le centre de gravité de la politique française vers la droite.  Ainsi François Hollande donne-t-il de plus en plus la désagréable impression, sans doute pour séduire l’électorat du centre,  de renoncer à un  certain nombre d’engagements figurant dans le programme du parti socialiste ou d’édulcorer des déclarations de début de campagne jugées trop combatives. Les ajustements concernant la fiscalité, le nucléaire, la retraite à 60 ans ou bien encore les politiques publiques ( mis en évidence par certains médias comme Médiapart) paraissent significatifs d’un certain infléchissement à droite.
 Notre démocratie est décidément bien malade mais il appartient malgré tout aux citoyens de s’approprier cette campagne et d’interpeller les candidats et notamment François Hollande, l’actuel favori des sondages, sur les vrais enjeux de cette campagne et les fausses solutions proposées aux électeurs.
De toute façon, nous savons tous déjà que le 6 mai prochain ne sera pas un aboutissement mais bien le commencement d’une bataille.
                                                                                                                                                     
(*) Le cerveau reptilien ou cerveau « primitif » serait le siège de comportements innés ou primaires comme l’instinct de survie, la peur, la haine, etc.

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