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Billet de blog 21 mai 2011

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Bientôt, une autre belle histoire . . .

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dominique Strauss-Kahn est peut-être coupable de viol mais le Parti socialiste est, de son côté, absolument, irrémédiablement, définitivement coupable. Bien sûr, il n’est pas question ici de faire endosser au PS la responsabilité des actes d’un homme en errance dans un grand hôtel new-yorkais : un parti n’est pas comptable, à l’ évidence , de la vie privée de ses militants mais, en revanche, il peut être tenu responsable du choix de ses dirigeants et des espoirs de changement qu’il suscite dans la société. DSK, ex-directeur général du FMI, une institution qui symbolise toute la puissance et l’intransigeance du capitalisme financier, ne pouvait incarner la perspective d’une « rupture » avec le néolibéralisme. Le favori des sondages avait le soutien des milieux d’affaires et, loin d’être un recours possible face à la droite, il représentait au contraire pour les puissants et les privilégiés une perspective de prolongation du système sous une autre apparence physique, sous une autre enveloppe « marketing ». Le parti socialiste, volontiers critique à l’égard du style de l’actuel président de la République, mettait sur le devant de la scène un « homme providentiel » affecté des mêmes tares : même fascination pour l’argent et le luxe, mêmes conseils recrutés parmi les cadres dirigeants de groupes industriels comme le groupe Lagardère, même mélange des genres, mêmes conflits d’intérêts potentiels.

Le parti socialiste s’apprêtait une nouvelle fois à tromper les français : selon toute vraisemblance, Dominique Strauss Kahn allait gagner les primaires organisées par son parti, DSK allait être candidat, DSK allait être présenté comme le sauveur de la gauche, comme le seul concurrent crédible pour s’opposer à la réélection de N Sarkozy.

Si les faits sont avérés, la fable « DSK » vient de connaître une fin tragique pour une sordide histoire de pulsion mal contrôlée par le cerveau reptilien de ce grand calculateur, habitué aux négociations froides et impersonnelles des sommets internationaux.

DSK est tombé, victime du fonctionnement de la justice américaine. L’opération de marketing « DSK » est terminée, le rêve DSK s’est brisé. Le parti socialiste pleure ses illusions perdues mais surtout, par-dessus tout, regrette la perte d’une carte maîtresse dans son jeu pour les prochaines présidentielles.

Et le parti socialiste, avec DSK, est sur le banc des accusés .

Depuis dimanche dernier, la communication sur DSK n’est plus maîtrisée par les brillants conseillers d’Euro RSCG ou par le porte-parole du groupe Lagardère ; la plume magique, tenue jusqu’à présent par des médias complaisants, a changé de mains. Le récit s’emballe, le conte merveilleux écrit pour endormir les foules dérape, l’écriture est plus libre, plus folle, moins élogieuse. Sur le net tout le monde peut participer, écrire son chapitre, raconter son histoire. Les médias se font volontiers plus soupçonneux parfois même accusateurs : les vieilles affaires, les rumeurs , les accusations rangées dans les tiroirs . . . tout cela refait surface. Et le portrait de DSK se modifie : le charmeur cède la place au harceleur. Ce n’est plus un roman à l’eau de rose mais l’ histoire un peu trouble d’un type « lourd-dingue ». Et l’on s’interroge : les faiblesses de l’homme privé pouvaient -elles être des tares susceptibles d’affecter le comportement de l’homme public. ? Le doute existait assurément et le PS l’a ignoré par solidarité politique pour mieux fabriquer un instrument qu’il jugeait indispensable pour sa reconquête du pouvoir ; décidément la fin ignore les moyens. L’élection présidentielle est un graal qui justifie tous les manquements, qui fait perdre à la classe politique tous ses repères. Comment d’ailleurs s’étonner qu’une élection censée consacrer la domination d’un homme sur l’ensemble de ses concitoyens ne contribue pas à attiser les comportements les plus archaïques, les plus pervers, y compris les déviances machistes les plus éculées ?

L’élection au suffrage universel du Président de la République , au lieu d’être un grand moment de démocratie, débouche plus sûrement sur la duplicité et la vulgarité. Elle enferme la société française dans un carcan institutionnel qui constitue un frein puissant à son évolution. Le parti socialiste, loin d’avoir tiré les enseignements des dérives de la présidence « Mitterrand », a renforcé ce régime ( en votant sous Jospin le quinquennat et le couplage des élections présidentielles et législatives) et a consolidé le mythe de l’homme providentiel. Comme d’habitude, il ne semble pas vouloir tirer les enseignements de l’affaire Strauss-Kahn.

Mais, après tout, comme l’a clamé Jack Lang , « il n’y a pas mort d’homme » . . . Et le PS devrait bientôt pouvoir nous raconter une autre belle histoire . . .

A moins que le mouvement de révolte qui monte actuellement en Espagne pour demander l’établissement d’une démocratie véritable ne fasse des émules parmi les citoyens européens . . .

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