Cette semaine Ségolène Royal a présenté devant le Conseil des ministres le projet de loi sur la transition énergétique ; il y est question de projets : de nouveaux projets comme, par exemple, celui de réduire de 50 % notre consommation d’énergie finale d’ici 2050 ou de projets plus anciens comme le projet de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ( une des nombreuses promesses de campagne du candidat Hollande) qui est laissé désormais à l’appréciation d’EDF dans le cadre d’un « dialogue fructueux » avec l’Etat, et donc renvoyé aux calendes grecques. Le texte, présenté par notre Président comme "l'un des plus importants du quinquennat", est une longue liste de propositions assorties d’objectifs ambitieux ainsi que de mesures d’accompagnement dont le financement reste incertain. Les esprits chagrins pourront remarquer qu’il est plus facile d’afficher volontarisme et détermination pour un horizon lointain que de tenir ses engagements sur la durée d’un quinquennat. Avec François Hollande, les déclarations d’intention les plus fermes, les plus résolues, peuvent perdre, au fil du temps, beaucoup de leur consistance. Son empreinte libérale - pour ne pas dire son inconscient libéral - finit par neutraliser toute velléité sociale ou écologique et transformer tout projet en acte manqué.
Même en adoptant une « positive attitude », il est bien difficile de s’enthousiasmer pour ce salmigondis de mesures dont le but avoué est de relancer la croissance en faisant feu de tout bois. Avec la croissance verte, le gouvernement compte maintenir intact le parc nucléaire, développer les énergies alternatives de façon à rééquilibrer notre mix énergétique et doper par des mesures fiscales les activités permettant d’économiser l’énergie. Le recyclage sera bien sûr encouragé, valorisé (il ne saurait être question d’une réduction à la source) mais l’économie circulaire a malgré tout ses limites : le gouvernement pourra décider par décret du lieu d’enfouissement des déchets nucléaires en ignorant le Parlement !
Une ère de transition doit s’ouvrir mais les grands projets industriels inutiles ou délirants continuent à être encouragés, soutenus, voire initiés par le pouvoir. L’aéroport de Notre Dame des Landes, la ferme des mille vaches, la négociation du traité TAFTA, la privatisation programmée de la SNCF, etc . . . sont autant d’entorses au projet de loi sur la transition énergétique.
Les idées de notre Président en matière de transition et d’énergies alternatives rejoignent sans doute sa conception de l’alternance politique. Pour François Hollande, il faut ainsi « assurer la montée en puissance de nouvelles activités pour les agriculteurs, notamment en ce qui concerne le retraitement de la biomasse et la valorisation énergétique des déchets agricoles." Dans cette optique, transformer la Bretagne en un vaste méthaniseur à lisier apparaîtra bientôt comme le summum de l’innovation énergétique.
Réduire notre consommation d'énergies fossiles de 40% en 2030 par rapport à 1990, réduire la part du nucléaire à 50% de la production d'électricité en 2025 contre 75% aujourd'hui, réduire de 7% le volume des déchets ménagers d'ici 2020. . . réduire, réduire, réduire pour produire et consommer toujours plus, pour toujours plus de croissance. D’après Ségolène Royal, il nous faut inventer une écologie non punitive, incitative, une écologie créatrice d’emplois, une écologie qui ne soit pas moralisatrice. C’est un beau projet. . .