Depuis dimanche soir, Emmanuel Macron ne dispose plus d’une majorité parlementaire susceptible de voter ses lois de régression sociale et écologique. Jupiter est désarmé et c’est évidemment une bonne nouvelle, un préalable indispensable au changement, un encouragement pour toutes celles et ceux qui veulent bâtir une autre société.
Mais la composition de la nouvelle assemblée ne peut véritablement satisfaire le camp du progrès, elle est aussi lourde de menaces. C’est une assemblée inadaptée aux défis de notre temps, inadaptée à la gouvernance bien sûr mais également inadaptée aux défis d’aujourd’hui, elle est encore représentative d’un vieux monde qui refuse d’affronter les périls qu’il a engendré et qu’il continue d’alimenter. C’est une assemblée bancale, monstrueuse car totalement déséquilibrée sur sa droite avec une gauche qui certes est mieux représentée mais qui ne dispose malheureusement que d’un pouvoir d’obstruction et d’opposition alors même que l’urgence climatique, pour ne citer qu’elle, réclamerait des décisions fortes et immédiates.
Pour l’ancienne majorité, le danger électoral se situait évidemment avant tout sur sa gauche et il convenait de rendre le discours de la NUPES inaudible, d’attiser les peurs, de susciter l’émotion plutôt que la réflexion et l'intelligence. Durant la campagne, tous les chiens de garde du système ont aboyé de concert et dans ce grand vacarme, il n’y a pas eu de débat approfondi susceptible d’éclairer les citoyens et d’étayer leur choix. La banalisation des thèses de l’extrême droite ainsi que la diabolisation de la NUPES, souvent présentée comme une coalition d’anarchistes sous la férule de la France insoumise, ont parasité les commentaires des médias dominants. Un large front anti-NUPES, forme moderne et pervertie du front républicain de jadis, s’est mis en place afin de faire barrage dans les duels de second tour aux enragés d’extrême gauche, pour reprendre les termes d’un éditorialiste du Figaro. Et le Rassemblement National a remporté 89 sièges ; il peut se targuer désormais d’être le premier groupe d’opposition !
La présidence Macron est décidément une débâcle.
Aujourd’hui, pour gouverner, cette présidence abîmée ne peut que se tourner vers sa droite donc vers une droite extrême représentée par les députés LR. Emmanuel Macron risque donc de durcir encore sa politique et de poursuivre sa fuite en avant productiviste et croissantiste mortifère.
Dans cette assemblée hostile, les “enragés” de la NUPES vont devoir résister à la montée des extrêmes, à un totalitarisme économique insoutenable. Avec Macron, la République n’a jamais été en marche et c’est au contraire l’ ensauvagement de la société libérale qui menace plus que jamais, avec la montée des inégalités et des injustices de toute nature.
Une période troublée débute avec ce nouveau quinquennat maudit.
La résistance peut désormais prendre davantage appui sur le parlement mais elle devra emprunter également d’autres voies : les voies associatives et syndicales habituelles, et aussi sans doute la rue . . .