Démissionnaires, ils sont démissionnaires, l’épithète est systématique et d’autant plus obligatoire qu’elle est apposée pour attester du bon fonctionnement de nos institutions. Les ministres de Macron exercent encore le pouvoir mais tout est parfaitement normal puisqu’ils sont démissionnaires. Plus de six semaines après des élections législatives qui les ont sévèrement désavoués, ils sont toujours là ! Ils sont là mais contraints et forcés, faute de successeurs responsables et compétents, le Président ne pouvant tout de même pas nommer un Premier ministre de gauche qui conduirait le pays au chaos. Il sont là en attendant de céder la place, par devoir, par nécessité, afin d’assurer la continuité de l’ Etat, Ils sont là, mais démissionnaires. La France est une République et une grande démocratie, le gouvernement respecte donc la constitution et la séparation des pouvoirs. Et pour cela, la macronie a inventé la dualité ministre- député, un principe politique selon lequel des personnalités peuvent présenter parfois des propriétés de ministre et parfois des propriétés de député, tout dépend des circonstances. Même si le signifiant “ministre démissionnaire” n’a aucun rapport avec le signifié, les médias relaient avec beaucoup d’application et de constance des termes qui ne veulent plus rien dire - c’est devenu une habitude sous Macron - et participent ainsi activement à la communication toxique du pouvoir.
En macronie, la démission n’entraîne pas le départ et le Premier ministre démissionnaire peut continuer à imposer une politique qui a été sévèrement désavouée dans les urnes. Gabriel Attal vient d’envoyer à ses ministres démissionnaires “les lettres plafond” qui fixent les enveloppes de chaque ministère pour l’année à venir, un cadre qui va encore accentuer la politique d’austérité et de sabotage des services publics condamnée par les électeurs.
Mais il ne fait que préparer le travail de son successeur.
Puisqu’on vous dit qu’il est démissionnaire !