De part et d’autre de l’Atlantique, des élections se préparent dans un contexte de crise.
De part et d’autre de l’Atlantique, des candidats entendent exploiter le désarroi et la colère du peuple en tenant un discours qui stigmatise les immigrés et exalte les valeurs patriotiques.
De part et d’autre de l’Atlantique, des voix s’élèvent pour mettre en garde les électeurs contre la montée de l’intolérance et dénoncer le danger représenté par l’arrivée au pouvoir de président(e)s porteurs d’une idéologie raciste et xénophobe. L’émergence d’une société dominée par la haine de l’étranger met en péril la démocratie et les libertés publiques.
Les partis de gouvernement sont inquiets : une bonne partie du peuple risque de ne pas voter convenablement.
Aux USA, Hillary Clinton, la candidate de l’establishment s’émeut. « Le panier des pitoyables » menace de faire basculer l’élection.
En France, face aux extrémistes, François Hollande est animé par la volonté « d’encourager le vivre ensemble » quand « il est tellement plus simple de convoquer les peurs ».
Quelques mois avant l’échéance électorale, de part et d’autre de l’Atlantique, ces grands démocrates se posent en défenseurs de la dignité et de nos libertés citoyennes ; ils se mettent à dénoncer les dérives de la politique spectacle, du mensonge, et de la démagogie, lorsque leurs adversaires se révèlent plus aptes à en tirer profit. Ils se portent avec fougue au chevet du « vivre ensemble » et de la fraternité alors même que leur politique est marquée par un clientélisme scandaleux et la défense des intérêts de l’oligarchie industrielle et financière au détriment de l’intérêt général. Ils prétendent défendre la démocratie alors qu’ils ne cessent d’œuvrer pour son affaiblissement
Ils se mettent à crier au loup mais il y a bien longtemps que le loup est entré dans la bergerie.
De part et d’autre de l’Atlantique, un traité, le CETA, a été signé et un autre, le TAFTA, est toujours en cours de négociation. Ces traités illustrent la capitulation des gouvernements et des états devant les firmes et l’omnipotence du marché. Cette soumission des politiques ne doit rien au hasard. Parmi les généreux financeurs de la campagne d’Hillary Clinton aux USA figurent notamment la Fondation Bill Gates, Monsanto, Pfizer, Exxon Mobil, Dow Chemicals, Goldman Sachs, Procter et Gamble, etc. De part et d’autre de l’Atlantique, des sommes colossales sont investies chaque année par les firmes pour acheter les politiciens et influencer les experts (lire ici) Des firmes tentaculaires tissent patiemment leurs toiles afin de prévenir et de dissuader toute alternative au système dominant.
De part et d’autre de l’Atlantique, le peuple est de plus en plus tenu à l’écart des décisions qui le concernent, spolié par la privatisation de biens communs, contraint et appauvri par des règles qui lui sont imposées pour satisfaire les exigences d’une petite caste de dirigeants privés, manipulé par un marché omnipotent qui arbitre à la place des élus les priorités et les besoins, bref dépouillé de sa souveraineté au profit du 1% qui possèdent plus que les 99% restants.
La fusion annoncée entre Bayer et Monsanto illustre la concentration des richesses et du pouvoir entre les mains des grandes multinationales. Ce monstre transatlantique , futur numéro 1 mondial des semences et pesticides, n’attendra plus que la signature du traité TAFTA pour pouvoir dicter encore plus facilement sa loi, ses lois (qui seront édictées par des experts sous influence) aux américains et aux européens. Déjà, les liens entre Monsanto et les institutions américaines chargées de contrôler ses produits, et notamment la FDA, permettent à cette entreprise de mettre sur le marché des produits et substances jugées dangereuses pour la santé et l’environnement par de nombreux scientifiques indépendants (Lire ici deux articles en lien : (1) et (2) ). Les avis récents de l’EFSA( l’Autorité européenne de sécurité des aliments) qui ont été pris en fonction des conclusions du bureau de l’Institut fédéral allemand de l’évaluation des risques (le BfR), concernant le glyphosate, une des substances herbicides phare de Monsanto, sont également très controversés (lire ici). Avec le TAFTA, Monsanto-Bayer disposera d’un formidable outil de dérégulation lui permettant d’accéder à de nouveaux marchés sans que les citoyens, transformés en consommateurs captifs, puissent s’y opposer.
Aujourd’hui, de part et d’autre de l’Atlantique, un capitalisme prédateur et conquérant détruit la démocratie au quotidien. Des candidats populistes font leur miel du rejet de ce système. Le vote devient alors paradoxalement une menace pour le peu de liberté qui nous reste.