En plein état d’urgence et en pleine campagne électorale, le meurtre d’un policier sur les Champs-Elysées par un criminel exalté et récidiviste - semble-il animé par une haine obsessionnelle des forces de l’ordre - a perturbé le dernier grand débat télévisé et imposé le thème de la sécurité sur le devant de la scène publique. Main dans la main, mus par un intérêt commun, François Fillon et Marine Le Pen ont enfilé leurs costumes de généralissime et nous ont aussitôt promis, s’ils étaient élus, une guerre totale, et enfin victorieuse, contre le terrorisme.
Dans une déclaration solennelle François Fillon, veut édifier « un mur intellectuel et moral » face au péril islamiste.
Que François Fillon, à la faveur de cet évènement dramatique, s’érige en rempart moral face aux fondamentalistes religieux et puisse prétendre incarner le bien face au mal, la vertu face au vice, démontre à quel point notre république est malade. Comment exalter nos prétendues valeurs avec un tel porte-drapeau . . . ? C’est évidemment terriblement contre-productif ! Notre société, corrodée de l’intérieur, fragmentée par une croissance inégalitaire et des exclusions de toute sorte, dominée par l’esprit consumériste et des intérêts mercantiles, suscite déjà suffisamment de haine et de détestation. Un modèle de si peu de foi peut-il se doter d’une âme guerrière avant d’avoir rétabli en son sein un minimum d’équité républicaine? Allons-nous chanter la Marseillaise avec François Fillon et Marine Le Pen pour éliminer « le sang impur » par les armes, par la fermeture des frontières, ou par le bannissement ? Allons-nous attiser encore les tensions ?
Les vrais terroristes de cette fin de campagne sont Marine Le Pen et François Fillon. Ils se sont livrés à une forme de viol collectif des consciences. Ils tentent par tous les moyens d’attiser les peurs afin d’influencer un électorat déjà fragilisé par tant de discours alarmistes, menacé de toutes parts par l’islam, par les terroristes, par la dette, etc. La ficelle est extraordinairement grosse mais, à quelques heures du scrutin, et dans un contexte d’ union nationale imposée par ce drame, ils savent qu’ils ne pourront plus être critiqués trop ouvertement. Ils veulent donc récupérer à marche forcée, et avec un râteau démesuré et monstrueux, les polytraumatisés de la société.
C’est le hold-up de cette fin de campagne.