Aujourd’hui, c’est la journée de la Terre, comme tous les ans à la même date, partout dans le monde. En France, elle a commencé à être célébrée par anticipation samedi dernier, le 20, sans doute pour permettre aux gens de se mobiliser l’espace d’une matinée ou d’un après-midi, de sacrifier plus commodément à ce rituel annuel qui commence à être bien rodé, bien organisé. A l’initiative d’une multitude d’acteurs, associatifs mais aussi institutionnels, des citoyens ont ramassé quelques déchets plastiques sur les plages ou dans des parcs communaux, pris leurs vélos pour de petites balades écolos, participé à des ateliers de compostage, de cuisine zéro-déchets, etc.
Des tas de petits gestes et de manifestations ont laissé sur cette journée une empreinte passagère d’éco-responsabilité. C’est sans doute mieux que rien mais, globalement, cela n’a pas fait, loin s’en faut, la une de l’actualité.
Aujourd’hui, ce 22 avril, c’est vraiment la journée internationale, celle de la Terre nourricière. Cela reste malgré tout très symbolique et superficiel. On sent bien que cela ne va pas bouleverser nos habitudes et surtout l’agenda des politiques, occupés à des choses bien plus sérieuses, comme tenter de relancer la croissance par exemple ou réarmer le monde occidental pour faire face au choc des civilisations.
Du côté de notre champion, le “champion de la terre “ 2018, il n’y a pas grand chose à signaler. A midi, ce lundi, son agenda est “en cours de mise à jour” et ne signale aucun événement lié à cette journée internationale. Il faut dire qu’il en fait déjà tellement en matière de commémorations ! Et puis, dans le domaine de l’écologie, son action est quotidienne et particulièrement volontariste depuis son arrivée au pouvoir, notamment dans le cadre du plan de transition écologique et tout son florilège de mesures pour sauver la planète : la relance du nucléaire, la promotion des voitures électriques, les champs de panneaux solaires, les terres agricoles mobilisées pour la production de biogaz, les subventions pour construire des bassines afin de contrer les effets des sécheresses estivales et de développer une agriculture performante de proximité, etc. Et puis évidemment notre champion fait preuve d’un engagement international de tous les instants au travers des ventes d’armes et de la signature d’ accords de libre-échange pour faire en sorte que résonne partout dans le monde le slogan “ Make our Planet Great Again”.
Oui, ce 22 avril, c’est la journée de la Terre, et tous les ans ce jalon, dans un agenda marqué par des fêtes en tous genres, nous rappelle que nous vivons sur cette planète et qu’il n’y a pas de planète de rechange.
C’est un jalon, mais ce n’est toujours pas un point d’étape car cela signifierait qu’il y ait un parcours, un but, un objectif, une volonté.
Les années passent et, malgré toutes les journées de la Terre passées, malgré tous les avertissements reçus, notre vie en société continue à s’écouler globalement de la même manière, entérinant notre impuissance collective à changer le cours des choses. Finalement cette “journée de la Terre”, c’est un peu comme une plainte récurrente, une douleur que l’on essaye d’oublier mais qui commence à s'intensifier.
Les années passent et l’on s’aperçoit qu’on laisse les choses filer, un peu comme l’eau d’un robinet que l’on oublierait de fermer.
Mais maintenant, la facture arrive et elle risque d’être sacrément lourde.
Et l’on se dira que l’on aurait dû faire davantage attention. Mais ce sera trop tard.