Il n’est pas question de changer, il va donc falloir s’adapter.
Des méga bassines pour les périodes de sécheresse, des bassins d’expansion, des systèmes d’endiguement, des aménagements hydrauliques en tous genres pour limiter les effets dévastateurs des épisodes de pluies diluviennes, cévenols ou autres.
Agnès Pannier-Runacher, la nouvelle ministre de la Transition écologique affiche un volontarisme résolu face au bouleversement climatique qui vient : il faut “ faire les investissements “ pour ”adapter notre système”. De son côté, le Premier ministre Michel Barnier pense que “la prévention coûte moins cher que la réparation”. Certes, mais ce gouvernement est-il décidé à s’engager dans une démarche de prévention ?
Le solutionnisme technologique proposé par nos gouvernants qu’il soit de nature collective ou individuelle ne relève pas de la prévention mais bien de l’adaptation : notre société va tenter de limiter les effets, les nuisances du changement climatique mais sans s’attaquer véritablement et drastiquement aux causes. Le système vicié par l’appât du gain et un hubris incontrôlé ne présente plus que de faux remèdes ou des solutions dévoyées comme peuvent l’être les gros SUV électriques dont le processus de production émet beaucoup plus de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique (sans même parler de la pollution chimique )
Il n’est pas question de changer, il va donc falloir s’adapter
Mais les équipements et investissements nécessaires seront de toute façon hors d’atteinte d’une grande partie de la population et de certaines communes dont les moyens financiers vont pâtir des efforts de réduction de la dette publique puisque le budget 2025 prévoit au moins 6,5 milliards d’euros en moins pour les collectivités territoriales.
Et s’adapter au dérèglement climatique par le développement de technologies susceptibles d’en atténuer les effets ne fait que nous enfermer encore davantage dans le système existant.
Une réelle prévention consisterait à changer notre modèle économique et sans doute en tout premier lieu notre modèle agricole, mais de cela il n’en est pas question. Le capitalisme réclame de la croissance et du profit. Nous allons donc continuer à artificialiser les sols puisqu’il est question d’abandonner l’objectif de zéro artificialisation nette des sols fixé pour 2050 par la loi Climat et résilience en 2021, à supprimer des zones humides, à construire toujours plus d'infrastructures et notamment des grands projets inutiles et coûteux comme la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse- Dax, à subventionner une agriculture et un élevage intensifs qui sont de grands pollueurs et émetteurs de gaz à effet de serre ( en consommant des engrais, des pesticides, des tourteaux de soja ), etc. Le scandale sanitaire de la plaine céréalière d’Aunis près de la Rochelle, contaminée par les pesticides et occasionnant un taux de cancers pédiatriques particulièrement élevé (Lire ici), démontre l’absence totale de volonté politique pour remettre en cause le système productiviste : alors que des changements limités n’exigeant ni des investissements importants, ni un bouleversement complet du système permettraient d’améliorer le sort des personnes exposées, rien n’est fait car le rendement et la rentabilité des exploitations priment sur tout le reste.
Notre civilisation en mode capitaliste néolibéral va continuer à engendrer des bouleversements et des catastrophes climatiques de plus en plus sévères. Les pays du sud sont particulièrement impactés puisqu’ils subissent déjà ce changement avec une amplitude plus grande sans même avoir les moyens d’une adaptation technologique permettant d’en limiter les effets. Pour les habitants de ces pays, la seule adaptation possible réside dans la fuite. Et cette fuite se heurte à l’adaptation des pays riches face aux flux migratoires : coopération policière et aide financière avec les pays d’Afrique du Nord afin de mieux contrôler les flux en amont, édification de barrières et de murs frontaliers anti-migrants, traque et refoulement vers des pays hôtes comme l’Albanie, conditions d’accueil de plus en plus restrictives et difficiles, etc
Les pays riches s’adaptent là aussi au bouleversement climatique et de la plus mauvaise des manières.