« j’ai décidé de doter la France d’un nouveau porte-avions »
C’est dit sans fioriture excessive, c’est assumé. Emmanuel Macron aurait pu utiliser le nous de majesté, plus ambigu et qui aurait sans doute prêté le flanc à des interprétations erronées, mais il ne l’a pas fait car il tient à affirmer son autorité. Il revendique son pouvoir dans le domaine militaire. C’est une décision souveraine qui relève de ce qu’on appelle pudiquement le domaine réservé du Président. C’est comme ça et cela ne saurait être autrement. En France, la politique de défense, la politique étrangère sont de la responsabilité exclusive de la Présidence de la République. Le Parlement n’a pas son mot à dire. Les Français ne sont pas associés à ce genre de décision. Le Président, en majesté, décide pour eux et finalement, le plus surprenant réside sans doute dans le fait que tout le monde semble s’y être habitué. Les médias commandent l’opportunité d’investir dans un nouveau porte-avions dans le contexte budgétaire actuel mais ne s’interrogent plus sur le déficit démocratique patent d’un mécanisme décisionnel qui excluent totalement les citoyens.
Emmanuel Macron a officialisé la commande de Pang, son joujou de Noël à dix milliards d’euros, lors d’un repas pris en compagnie des troupes françaises basées à Abou Dhabi, dans les Emirats arabes unis, jugeant sans doute que le lieu se prêtait particulièrement bien à cette annonce.
Un chef d’État qui ne dispose plus d’aucune assise dans l’opinion et dont l’action a été massivement rejetée dans les urnes lors des élections législatives de juin 2024 peut continuer à prendre seul, sans en référer au Parlement, des décisions qui engagent l’avenir du pays et ceci d’autant plus que ce qui est dépensé en armement et en matériel militaire contraint bien évidemment toutes les autres dépenses.
Toujours plus pour les armes et en même temps toujours moins pour les dépenses qui permettent d’améliorer la vie des Français et de faire face à la crise sociale et écologique.
L’annonce de la commande de Pang intervient en même temps que celle de la fermeture le 31 décembre prochain , faute de financement, du la Fabrique 16/25 de Nantes, un centre d’aide pour des jeunes en difficulté, livrés à la violence de la rue (Lire ici). La fermeture de ce centre n’est qu’un exemple parmi d’autres : en France, aujourd’hui, c’est tout le secteur de l’aide sociale et notamment de l’aide sociale à l’enfance qui souffre des restrictions budgétaires.
Mais il faut bien faire des choix pour préparer l’avenir.
Et le Président privilégie sans débat le budget des armées.
Joyeux Noël , monsieur le Président !