Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

639 Billets

3 Éditions

Billet de blog 23 janvier 2016

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

« L’endroit où il faut être »

Dans beaucoup de pays, une forme de communisme parasite encore l’initiative privée et contribue finalement à aggraver l’état du monde. Les riches sont ainsi confrontés à un fardeau, à un défi de plus en plus lourd : celui de devoir améliorer le sort de pauvres de plus en plus nombreux.

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les 1% les plus riches possèdent désormais plus que le reste de la population mondiale.

99% d’un côté, 1 % de l’autre et, parmi ces 1%, 62 milliardaires qui détiennent en capital  autant que les 3,5 milliards les plus pauvres.  La fortune des 62 a augmenté de 44 % entre 2010 et 2015 tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité perdait plus de 1000 milliards de dollars.

Des pauvres de plus en plus pauvres, des riches de plus en plus riches ; l’opulence pour les uns, la misère et la surexposition à tous les risques pour les autres ; l’humanité se fracture et diverge. Le dernier rapport de l’ONG Oxfam sur les inégalités a de quoi désespérer les « global leaders » qui se retrouvent comme chaque année  dans les montagnes suisses,  à Davos,  pour « améliorer l’état du monde ». Sur ces hauteurs, dans cet écrin des neiges bunkerisé, dans cet endroit délicieusement people où le luxe et la réussite peuvent s’étaler sans crainte et avec beaucoup d’ostentation ,  il souffle  un vent de libéralisme très pur, très peu pollué par les esprits chagrins et rétrogrades.  Isolé du monde et  du tumulte  des affaires, ce petit séminaire permet à nos décideurs de se ressourcer et de parfaire leur  argumentaire idéologique.  Ils  peuvent pointer du doigt le coût exorbitant des services publics, les prélèvements confiscatoires, les obstacles au libre-échange, les lacunes en matière de dérèglementation, bref tous les freins au marché, toutes les distorsions de concurrence qui, encore trop souvent,  ne permettent pas au capitalisme de  donner toute sa mesure.

Dans beaucoup de pays, une forme de communisme parasite encore l’initiative privée et contribue finalement à aggraver l’état du monde. Les riches sont ainsi confrontés à un fardeau, à un défi de plus en plus lourd : celui de devoir améliorer le sort de pauvres de plus en plus nombreux. Les grands patrons assument au premier chef cette lourde responsabilité et chacun sait d’ailleurs que « la vie d’un entrepreneur est souvent plus dure que celle d’un salarié » (Emmanuel Macron au micro de RMC). Il faut vraiment toute la force de conviction, l’engagement, et la ténacité d’hommes et de femmes comme Christine Lagarde (La directrice générale du FMI est membre du Conseil de fondation, la plus haute instance dirigeante du Forum)  pour ne pas renoncer. Heureusement, le Forum de Davos dispose aussi de moyens de plus en plus importants (lire ici) qui lui permettent de mieux diffuser la bonne parole.

Davos est donc évidemment « un endroit où il faut être », notamment lorsqu’on appartient au courant « social-libéral », attaché pendant trop longtemps au rôle régulateur de l’Etat dans l’économie. Cette semaine, plusieurs de nos ministres socialistes s’y sont succédé, et notamment le premier d’entre eux. En « homme de gauche », Manuel Valls y est allé défendre  quelques interventions résiduelles étatiques comme par exemple les contrôles aux frontières renforcés afin de limiter l’immigration clandestine, la surveillance policière généralisée pour lutter contre le terrorisme ou bien encore le projet européen qui est peut-être ce que l’on fait de mieux dans le monde en terme de technocratie au service de la finance. Mais il a aussi laissé s’exprimer, sans doute un peu à regret, « la part d’homme de droite » qui existe « chez chacun d’entre nous ». Ainsi, a-t-il reconnu sans ambages devant les caméras de la RTS qu’il y a «des idées à prendre dans la réussite suisse » en mettant en avant la nécessité d’un « Etat qui dépense moins ». Sans doute aura-t-il également fait valoir auprès de ses collègues dirigeants l’assouplissement prévu de notre règlementation sociale  et vanté la gestion très libérale de la France dans un certain nombre de dossiers : le délabrement extrême du camp de réfugiés de Grande-Synthe est un parfait exemple de laisser-aller qui vise à dissuader les réfugiés de trouver asile dans des pays riches comme la France  de même que la raréfaction des moyens humains et financiers alloués à l’Autorité de sûreté nucléaire constitue un signal fort de désengagement de L’Etat dans un secteur pourtant traditionnellement sous tutelle et sous contrôle.

 La France non plus ne manque pas d’idées lorsqu’il s’agit de mettre en application les préceptes du libéralisme.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.