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Billet de blog 23 juillet 2013

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Les champions d'un système

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C'est l'histoire d'une course mais aussi de la dérive prométhéenne d'une époque.

Il paraît que Christopher Froom, le vainqueur du tour de France 2013, posséderait les qualités intrinsèques lui permettant d’accomplir des performances hors du commun qui interrogent désormais -depuis que les affaires de dopage défraient la chronique après de longues années de connivence - les médias et les commentateurs sportifs. Dans un dossier consacré au coureur, le journal « L’équipe » a publié la semaine dernière des données qui se veulent objectives, scientifiques : la cadence de pédalage, la VO2 Max, les relevés de puissance, les protocoles d’entraînements, les données biologiques seraient compatibles avec les exploits du champion, des conditions nécessaires et suffisantes à la victoire en quelque sorte. Evidemment, le doute subsiste dans l'esprit du public, même si les foules semblent avoir pris le parti de profiter avant tout du spectacle ; « qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse » !

Mais ces chiffres du journal « L'Equipe» sont surtout révélateurs d'une époque où la performance est annoncée, presque obligée. Le champion semble bien désormais être « fabriqué » », produit d'une machinerie, d'une organisation qui le dépasse et le contraint totalement. Le Tour de France, organisation commerciale à prétexte sportif, est surtout contaminé, dopé au «  toujours plus », obnubilé par la performance et la compétition, accablé par la nécessité de performer. Les équipes engagées sont toutes vectrices d'images de marques, sponsorisées, financées par des firmes qui attendent un retour sur investissement. Les faiblesses humaines doivent être maîtrisées au mieux, si possible abolies. Tout doit être expliqué, prévu. Le doute et « la glorieuse incertitude du sport » ne font pas partie de la philosophie du monde des affaires. L'incroyable moisson de médailles par la Grande-Bretagne lors des derniers JO illustre également ce phénomène qui sert à l'occasion des objectifs politiques (les nageuses de l'Est ont pendant longtemps servi d'emblème au pouvoir communiste).

En politique justement, dans la course pour redresser le pays, pour retrouver la croissance, pour réduire les déficits publics, pour inverser la courbe du chômage, le leader François Hollande , qui s'était longuement préparé, apparaît lui aussi subjugué par un entourage qui le corrompt. Notre président qui se voulait « normal » est aujourd'hui coupé du peuple et gouverne enfermé dans sa bulle élyséenne et dans la plus pure tradition de la Vème République. Il s'est mis au service d'une petite caste qui prétend, après l'avoir pillé, être nécessaire au redressement économique du pays. La Finance a désormais son champion, un président aux ordres, soumis à des objectifs chiffrés qui l'enferment dans une logique infernale dont il ne peut plus se déprendre. Et cette oligarchie malfaisante imprime son rythme à une course dont l'objectif essentiel est d'aller le plus vite possible vers le marché total et de soumettre définitivement la cité à la sphère économique. Encore un petit effort et la parole politique sera définitivement dévalorisée et inexistante. Le développement de la technique et des affaires seront alors La Politique.

En attendant, comme pour le Tour de France, le spectacle continue avec un public de plus en plus désabusé mais sans doute friand de joutes oratoires. Malgré les affaires, malgré les preuves manifestes de tromperie, malgré les déclarations et prises de position factices, ce sont toujours les mêmes « têtes d'affiche », les Woerth, les Copé, les Moscovici, qui se succèdent sur les plateaux de télévision. L es médias sont aussi les tenants d'un système qu'ils entendent maintenir le plus longtemps possible en l'absence d'un véritable sursaut citoyen.

Même s'il est décrédibilisé, comme disent nos amis anglais : « the show must go on! »

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