Donald Trump n’est pas un homme comme tout le monde
Donald Trump ne fait donc pas des rêves comme les autres.
La nuit, il prend sa revanche sur une vie qui ne l’a pas gâté, il abandonne ses basses motivations mercantiles, il surmonte sa personnalité brutale et grossière, il perd son agressivité maladive, il oublie son parcours mensonger et guerrier qui l’a conduit à la tête de la première puissance militaire mondiale.
La nuit, il n’est plus le président d’une nation impérialiste, dominatrice, colonisatrice qui s’affranchit du droit international et qui tente d’imposer sa loi, la loi du plus fort, à l’ensemble des pays du globe.
La nuit, il ne prend plus de sanctions contre les juges de la Cour pénale internationale.
La nuit, il n’est plus le climato-sceptique qui se refuse à participer aux Conférences des Nations unies pour lutter contre le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité.
La nuit, il n’est plus le putschiste qui avait incité ses partisans à prendre d’assaut le Capitole.
La nuit, il n’est plus celui qui exige de son administration une traque impitoyable des migrants et qui mène une croisade contre le wokisme.
La nuit, il est tout autre, il se transforme en homme de paix, il écoute patiemment et avec beaucoup d’empathie ses interlocuteurs, il sait arrondir les angles et gommer les aspérités afin d’éviter les frictions inutiles, il dissipe avec aisance les malentendus, il déploie des talents diplomatiques insoupçonnés pour mettre fin aux conflits les plus meurtriers.
La nuit, il devient le sauveur de la planète.
La nuit, il reçoit le Prix Nobel de la paix.
Donald Trump fait des rêves étranges mais, à son réveil, ses rêves ne se dissipent pas tout à fait et continuent à troubler sa perception et son appréciation de la vie réelle. Deux mondes, pourtant antinomiques, coexistent alors en même temps. Il se veut à la fois le chef de MAGA et de toute la frange la plus réactionnaire et raciste des USA et un homme de paix. Il semble y croire dur comme fer, c’est étrange !
Et, fort de toute sa puissance militaire et économique, une force de dissuasion très persuasive, il arrive à plonger la plupart des dirigeants occidentaux dans son univers schizophrène. Les chefs d’État et de gouvernement qui se pressent à la Maison blanche le flattent et continuent à lui faire croire qu’ils le considèrent comme le porte-étendard de la civilisation occidentale et le mieux placé pour jouer le Monsieur bons offices dans la résolution des conflits en cours. Il est ainsi entretenu dans son délire égotique et sa folie pervertit encore davantage l’ensemble des relations internationales.
Il peut continuer à approvisionner Tsahal en armes de destruction massive, soutenir activement le génocide perpétré par Israël et se présenter comme un artisan de la paix au Proche-Orient. Il peut continuer à rêver d’un territoire gazaoui vidé de ses habitants, transformé en Riviera pour riches israéliens et américains, et prétendre dans le même temps vouloir « aider les Palestiniens ». À propos de son grand ami Netanyahou, il n’hésite d’ailleurs pas à déclarer : « C'est un homme bien. Il se bat. C'est un héros de guerre, car nous avons travaillé ensemble. C'est un héros de guerre. Je pense que je le suis aussi. »
Héros de guerre, homme de paix. . . Dans l’univers de Trump où les mots n’ont plus réellement de signification, tout est possible !
Mais après tout, pourquoi ne se poserait-il pas en homme de paix ? Les dirigeants de l’UE semblent finalement se rallier à l’idée d’une paix américaine à la Donald Trump en Palestine, ils se contentent de protester contre les massacres de Gaza tout en continuant à fournir eux aussi des armes à Israël et en se gardant bien de prendre des sanctions dissuasives contre l’État hébreu. Emmanuel Macron, après tant d’années passées à tergiverser, après avoir différé la reconnaissance d’un État palestinien pour tant de mauvaises raisons, s’apprête enfin à franchir la pas , mais désormais pour un État palestinien non viable et désormais peuplé de colons israéliens. N’est-ce pas là aussi une certaine forme de diplomatie schizophrène ?
Depuis le Kremlin, Poutine observe certainement tout cela d‘un œil amusé et gourmand.