La France n’est pas la Mecque des anxiolytiques et antidépresseurs de toute nature pour rien, et sans que concomitamment pèse sur l’enfance tout le poids de la dérive violente et de la désespérance d’une société qui ne sait plus où elle va mais qui est pris dans le mouvement général du productivisme, de la compétition, et de la valorisation des premiers de la classe et des gagnants.
Dans un système éducatif qui reste basé sur la sélection, il faut travailler et avoir de bons résultats scolaires pour mettre toutes les chances de son côté.
Réussis à l’école et tu auras ta place au soleil mon fils. . .
Beaucoup de parents sont ainsi tentés d’inscrire leurs enfants dans des institutions d’enseignement privés qui ont la réputation d’assurer un cadre d’éducation plus strict et plus exigeant que le public. Savoir se plier à des règles et respecter l’autorité sont des qualités essentielles pour s’insérer dans la société et réussir dans le monde de l’entreprise ou de l’administration, et plus généralement dans un pays qui chérit son armée et conserve au plus haut point le sens de la hiérarchie et de la discipline.
Offrir les meilleurs chances de réussir à ses enfants, démarrer sur de bonnes bases, la pression sociale est dans les têtes mais l’enfer peut être pavé de bonnes intentions.
Notre Dame de Bétharam à Lestelle-Bétharram, Notre Dame de Garaison à Monléon, Notre Dame de Sacré Coeur à Dax , Saint-Pierre à Relecq-Kerhuon , Saint François-Xavier à Ustarritz, Saint Dominique à Neuilly-sur-Seine, etc, la liste est longue de ces établissements catholiques d’enseignement impliqués dans des violences sur mineurs. La Vierge Marie et tous les saints sont convoqués au tribunal des bourreaux d’enfants. Sévices psychologiques, physiques , sexuels, toute la panoplie des outrances et déviances violentes d’une culture de l’obéissance et de la soumission est représentée. La réputation des établissements et leur caractère religieux leur assuraient de facto la bienveillance des autorités de tutelle souvent dirigés par des élites sortis du même moule.
Bien évidemment, la violence de ces établissements s’exercait sur les enfants qui pouvaient aisément et impunément être violentés car n’étant pas issus de familles aisées et influentes. Les enfants de François Bayrou n’ont jamais été malmenés à Notre Dame de Bétharram.
Autant dire que le couvercle était bien vissé. . .
Il aura fallu toute une accumulation de plaintes au cours de l’année 2024 et la sidérante réaction de déni du Premier ministre pour que l’affaire Bétharram s’emballe et que la parole des victimes de l’institution prisée des Bayrou se libère donnant lieu à tout un chapelet de dépôts de plainte dans le sillage duquel ont pris corps une multitude d’autres plaintes provenant d’anciens élèves d’autres établissements.
La faillite du contrôle de l’Etat dans un domaine qui ne devrait souffrir aucun laxisme, aucun passe-droit, est patente.
Mais cette faillite est désormais générale. Le cruel manque de moyens humains et financiers des services sociaux chargé de la protection de l’enfance, accentué encore récemment par le budget austéritaire de François Bayrou et les coupes sombres dans les dotations aux collectivités, ne permet pas de traiter efficacement les problèmes de maltraitance dont les sources sont nombreuses, du foyer parental jusqu’aux centres d’éducation en passant par les familles d’accueil. Les droits fondamentaux de beaucoup d’enfants défavorisés ne sont plus garantis.
La protection des plus faibles n’est évidemment pas la priorité d’un pouvoir macroniste qui est en train de réarmer le pays et qui mise comme chacun sait sur les premiers de cordée pour assurer l’avenir du pays. Il préfère sacrifier toutes celles et ceux qui sont mal partis dans la vie sur l’autel de la performance.
Mais, quoiqu’il en soit, les autres suivront car le système libéral dominant sacrifie l’avenir de tous.
Les enfants d’aujourd’hui font surtout partie des générations qui vont devoir affronter la crise climatique et écologique. Un rapport publié le 20 mars par Météo-France dresse un tableau apocalyptique d’une France de la fin du siècle subissant une hausse de la température moyenne de +4°, le scénario sur lequel se base le gouvernement pour son plan d’adaptation climatique : des épisodes caniculaires pouvant durer des mois, des pics de chaleur à 50 °, des épisodes de pluie particulièrement intenses, des tempêtes dévastatrices, etc
D’après Davide Feranda, climatologue au CNRS, « les extrêmes seront tellement intenses et fréquents, qu’il ne s’agira plus de vivre mais de survivre si les politiques ne changent pas »
Et les politiques ne changent pas, nous sommes plus que jamais dans la compétition et le productivisme à tout crin.
Et c’est sans doute la maltraitance la plus sournoise infligée à la jeunesse.