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Billet de blog 24 novembre 2025

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Recherche « force d’âme » désespérément

Où est « la force d’âme » de l’Occident  qui nous imposerait collectivement « de protéger ce que l’on est » et de se tenir prêt à « accepter de perdre ses enfants » ?

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Donald Trump poursuit inlassablement son œuvre de paix. Après Gaza, le voici pleinement mobilisé sur le dossier ukrainien pour lequel il reste fidèle à sa méthode : une résolution de conflit satisfaisante et prometteuse pour le business doit toujours satisfaire les exigences du plus fort même lorsqu’il s’agit de l’agresseur. Les hésitations, revirements, tergiversations de l’administration américaine durant ces derniers mois n’avaient probablement qu’un seul but : attendre de pouvoir jauger définitivement la capacité des combattants à remporter la bataille sur la durée. Donald Trump met en application sur le théâtre de guerre européen le jeu télévisuel « The apprentice » qui avait contribué à son ascension médiatique outre-atlantique. Le verdict est tombé : aux yeux de Trump, la Russie dispose de meilleurs atouts, l’Ukraine n’a de nouveau plus les cartes en main. Le plan de paix proposé dans une première version qui serait paraît-il malgré tout amendable est donc brutal, déséquilibré, terriblement défavorable aux ukrainiens, il s’apparente à une véritable capitulation. Pour l’arbitre suprême autoproclamé, la Crimée et la totalité du Donbass doivent tomber dans l’escarcelle de Poutine qui bénéficiera en outre du bonus du vainqueur : la réduction de l’armée ukrainienne à 600.000 hommes (la moitié de ses effectifs actuels) et le renoncement de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN. Un deal semble donc avoir été conclu avec le maître du Kremlin tout comme il avait été scellé, mais de très longue date, avec Israël et Netanyahu pour le plus grand malheur du peuple palestinien abandonné à son bourreau.

Mais rien n’est encore signé car les dirigeants européens se rebiffent. Alors que l’Union Européenne n’avait trouvé quasiment rien à redire au plan de paix imposé par la force au peuple palestinien ( la France a par exemple voté pour la résolution américaine au Conseil de sécurité de l’ONU) , elle entend aujourd’hui faire valoir les droits des Ukrainiens face à la Russie et à l’administration américaine. Pour Emmanuel macron, « il n’y a pas de scénario dans lequel la dignité, la liberté de l’Ukraine sont négociables » 

La version présentée initialement par Trump doit être remaniée.

Le feuilleton des négociations autour du conflit russo-ukrainien n’est donc pas terminé mais d’ores et déjà certains enseignements peuvent en être tirés : même si la réaction de l’UE peut être bénéfique aux ukrainiens, il convient de remarquer que la diplomatie européenne et la diplomatie française ont une conception des droits de l’homme et du droit des peuples à géométrie variable. L’indignation face à la brutalité de Trump apparaît singulièrement sélective. Pour quelles raisons ce qui est inacceptable pour l’Ukraine serait autorisé pour la Palestine ?

Cette discrimination est une faiblesse et même une tare condamnable. Elle affaiblit considérablement le discours de l’UE sur la démocratie et les valeurs occidentales qu’il serait nécessaire de défendre et de sauvegarder face à la tyrannie et à l’expansionnisme russes.

Comment est-il possible de se ranger dans le camp du bien et du progrès quand on reste sans véritable réaction face à l’extermination et à la déportation du peuple palestinien ?

Que peut-on opposer véritablement à Poutine ? Où est « la force d’âme » de l’Occident  qui nous imposerait collectivement « de protéger ce que l’on est » et de se tenir prêt à « accepter de perdre ses enfants » comme l’affirme le général Mandon ?

Au nom de quelle liberté ce général, porte-parole guerrier d’Emmanuel Macron, nous propose-t-il de mourir ? S’agit-il de la liberté conquise par la révolution de 1789 ou de la liberté que promeut Trump, de la liberté du renard libre dans le poulailler libre, de la liberté pour le capital d’exercer sa toute puissance et de réduire à la misère une grande partie de la population, de la liberté entrepreneuriale érigée en dogme depuis la contre-révolution des années Reagan et Thatcher ?

Les jeunes ne doivent pas être la chair à canon des premiers de cordée du néolibéralisme européen.

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