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Billet de blog 25 février 2018

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La violence tranquille d’Emmanuel Macron

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout doit disparaître !  L' État Macron poursuit méthodiquement, sans rencontrer de résistances institutionnelles, son entreprise de destruction des services publics et des acquis sociaux.  Dans tous les domaines alors que les besoins de la population nécessiteraient davantage de moyens, davantage de personnels, il n’est question que de réduction d’effectifs, d’économie, de réformes qui  vont permettre au privé de pénétrer de nouveaux marchés.

« Tout doit disparaître »,  telle pourrait être la devise de ce gouvernement néolibéral qui profite -encore - de la mansuétude et de la bienveillance des médias pour présenter comme  novatrice et équilibrée une politique qui  n’est que la continuation et l’exacerbation des politiques antérieures.

Les manifestations unitaires de la rentrée contre la loi Travail ont tourné court et, depuis, la société française poursuit sa descente aux enfers  dans un glissement continu et implacable, facilité par le fonctionnement bien huilée de nos institutions, toutes dans la main du chef de l’Etat. L’exécutif n’est confronté à aucun  contre-pouvoir ;  il peut, sans difficulté aucune,  imposer toutes ses réformes qui sont  présentées comme légitimes et attendues  même si  la majorité des citoyens y sont opposés.  La dégringolade est  mécanique. Les périodes de concertation organisées avant la rédaction définitive des propositions de loi ne sont que des séances d’endoctrinement et de formatage préalable des partenaires sociaux.

Macron peut afficher un sourire carnassier. La doxa libérale se diffuse grâce à  une technocratie disciplinée voire servile, productrice de normes aberrantes et déshumanisées. L’état Macron est  passé maître dans l’art de l’injonction paradoxale : partout la même recette, le même objectif :  plus de qualité avec moins de moyens.  Chaque fonctionnaire, chaque employé d’un service public  devient, à son corps défendant,  le rouage d’un totalitarisme du chiffre. Tout est désormais chronométré, apprécié, jaugé,  selon des critères définis par  une bureaucratie envahissante qui  semble hermétique à la réalité du terrain et coupée du monde. Rien ne doit échapper au calcul, tout doit être quantifié, tarifé, rentabilisé,  y compris des éléments  qu’il paraissait impensable de monétiser il y a seulement quelques années.  La culture du capitalisme financier imprègne désormais toutes les administrations et entreprises publiques. La Poste facture maintenant, dans le cadre d’un nouveau service « veiller sur mes parents »,  19,90 € par mois, une visite hebdomadaire du facteur à une grand-mère ou un grand-père isolés. Dans le cadre de son activité principale, la délivrance du courrier, un facteur doit bien sûr être rentable et ne pas s’attarder pour un brin de causette avec la clientèle,  ce n’est pas un travailleur social. . .  Partout les résultats sont les mêmes : des personnels surmenés, à la limite du burn-out, écœurés  par les consignes de leur direction et conscients de maltraiter les usagés.

Au final, cette grande transformation, cet assujettissement au marché, est une entreprise criminelle : il arrive que des personnes meurent à l’hôpital public, au service des urgences, faute d’avoir été prises en charge et soignées à temps.

Et toute cette violence prend place plutôt tranquillement  car les instances de représentation officielles respectent au final l’autorité de l’Etat, même s’il s’agit d’un état voyou.

Par contre, pour imposer certains de ses projets destructeurs,  il arrive que l' État Macron soit obligé de montrer ses muscles et de dévoiler sa vraie nature. Les opposants  au site d’enfouissement de Bure n’ont pas eu droit au dialogue mais aux matraques de la gendarmerie. Il est vrai que,  face à des résistants  qui sont en dehors de la représentation admise, face aux citoyens qui refusent de faire prévaloir systématiquement les intérêts économiques sur le respect du vivant, face à tous ceux qui refusent l’imposture permanente, qui contestent la banalisation du mensonge et la fonctionnarisation  de la recherche du profit, une concertation de façade est parfaitement  inutile.  La force brute est  le seul argument qui vaille!

Mais aujourd’hui, les poches de résistance, les collectifs de citoyens en lutte se multiplient.  Il y a tant de motifs de mécontentement ! Tout en haut, dans son palais  élyséen, Emmanuel Macron  ne peut percevoir   les souffrances du peuple d’en bas ; il veut continuer à aller vite, à frapper fort,  c’est une fragilité.

Pour l’instant, les manifestations  catégorielles, les grèves et les actes de résistance ponctuels se succèdent sans véritable lien, sans une volonté d’ensemble. Mais tout cela pourrait finir par s’agglomérer.

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