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Billet de blog 26 avril 2014

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Un temps de cochon - Quand les dirigeants socialistes vivent et pensent comme des porcs

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Notre Président est  d’une humeur de cochon. La démission forcée de son conseiller Aquilino Morelle, dont l’affairisme et les lubies dépensières ont été révélés par la presse, est une vexation supplémentaire après la déroute historique du PS aux dernières élections municipales. Le pouvoir qui vient de prendre la mesure de son impopularité est en passe de perdre son autorité sur ses troupes.

Il est urgent d’appeler les grands anciens à la rescousse, il faut aller en pèlerinage sur les vieilles terres socialistes de Carmaux pour tenter de restaurer une image profondément corrompue.Racheter par la communication,  par la symbolique, tous les errements des années Mitterrand, des années Jospin, des années Hollande . . .

Le parti socialiste est désormais un pur produit marketing,  mais un produit frelaté.  La solidarité, la fraternité, la justice sociale font encore partie de l’argumentaire de vente  mais les électeurs, si souvent trompés, ne se demandent même plus « si c’est du lard ou du cochon ». 

De même qu’il existe un marketing alimentaire destiné à nous vendre du porc, fabriqué dans des usines à viande, pour du cochon élevé dans un cadre rustique et champêtre, il sévit aussi un marketing politique consistant à nous proposer du socialisme pour nous servir, les élections passées, du libéralisme et de l’austérité au service des financiers. Les  idées de Jaurès ont depuis longtemps déserté la rue de Solférino mais la figure tutélaire tout comme le poing et la rose font encore partie de l’image de marque.                                                                                                                                            Il faut donc aller s’incliner devant la statue de la légende du socialisme, dans sa ville, continuer à occuper son créneau - de toutes façons, les autres sont déjà pris - continuer à s’adresser imperturbablement à son segment de marché, le peuple de gauche, comme si de rien n’était, continuer à faire semblant. Il faut tenter de faire passer la simulation et la mise en scène pour de la conviction,  « l’ hommage du vice à la vertu » peut encore émouvoir.

Il faut tenter de faire rêver, il faut continuer à tendre le poing  pour finalement  se coucher devant le patronat. Vendre Jaurès pour servir Clémenceau et  légitimer « l’ordre juste », l’ordre profondément inégalitaire et liberticide du marché.

 « Cochon qui s’en dédit », mais peu importe ; les édiles socialistes ont pris l’habitude de vivre et de penser comme des porcs (1)  - à l’image de leurs conseillers en communication - même si le flair de nos « bêtes politiques » est beaucoup moins subtil et précis que celui de nos bêtes à groins. Prisonniers du conformisme libéral  et d’une pensée économique sclérosée, ils ont entrepris de piloter la France aux instruments avec pour seul cap les grands  équilibres budgétaires dans  le respect des sacro-saintes lois du marché.  Les dirigeants socialistes ont perdu toute clairvoyance, engourdis, anesthésiés, inhibés par le calcul froid des agrégats et des indicateurs économiques qui leur tiennent lieu de réalité. Ils sont devenus insensibles, incapables de percevoir les aspirations d’un peuple, sourds aux urgences écologiques et sociales, n’écoutant plus que les injonctions et imprécations de la finance et de l’industrie. Défaits idéologiquement, ils tentent de sauver les apparences : ils communiquent quand il conviendrait de gouverner, d’assumer des choix politiques et de respecter leur histoire et leur filiation. Jaurès doit se retourner dans sa tombe.

Mais dans le temps de cochon qui s’installe durablement,  nos navigateurs socialistes risquent bien de sombrer définitivement.

                                                                                                                                 
(1)  en référence à l’ouvrage de Gilles Châtelet "Vivre et penser comme des porcs"

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