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Billet de blog 27 avril 2013

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Des luttes en bourgeon

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« Je cherche et j’appelle chacun à chercher l’apaisement, c’est-à-dire la compréhension, le respect, parce que tout maintenant doit être concentré, consacré, à ce qui est l’essentiel, c’est-à-dire, la réussite économique de notre pays et la cohésion nationale (. . .) Aujourd’hui plus que jamais le rassemblement du pays doit se faire sur ce qui est attendu par beaucoup de nos compatriotes : l’emploi, le redressement, la confiance»

A l’heure du refus d’une quelconque amnistie pour les travailleurs en lutte et après le vote bloqué, sans amendement parlementaire, de la loi sur la sécurisation de l’emploi, François Hollande joue les imposteurs.

On ne peut rassembler que sur des valeurs communes. Rassembler le pays autour  de l’emploi, rassembler « sur l’essentiel », signifie aujourd’hui, dans l’esprit du Président, se rassembler derrière les entreprises, derrière les patrons qui sont des « créateurs de richesse » mais avant tout, aujourd’hui, des créateurs de régressions sociales.  La cohésion nationale exigerait au contraire de renouer avec les valeurs de solidarité et de partage qui sont aux antipodes de la vision économique et de la politique prônée par les libéraux. François Hollande feint de s’adresser au peuple français mais il s’adresse en fait, en s’excusant presque de l’épisode malencontreux du « mariage pour tous », aux entrepreneurs et à l’électorat de droite.

Car ce rassemblement sur l’essentiel apparaît singulièrement déséquilibré et porteur de menaces. En rejetant la proposition de loi d’amnistie sociale (pour les délits commis dans le cadre de mouvements sociaux) déjà votée par les sénateurs, le gouvernement parachève la logique du pacte de compétitivité et de l’ANI : il sécurise le patronat en lui garantissant des salariés dociles. Ce sera la servilité ou le licenciement, la résignation ou la prison. Et la patronne du MEDEF ne boude pas son plaisir : « je dis bravo au gouvernement de tout simplement faire comprendre que c’est la justice dans notre pays qui doit avoir le dernier mot ».

Le MEDEF a parfaitement compris que la situation économique du pays lui permet désormais toutes les audaces et  les capitalistes savent maintenant que François Hollande est un ennemi tout à fait convenable, moins compromettant que l’ami  tonitruant et vitupérant  Nicolas Sarkozy . Avec notre président socialiste, le patronat va enfin pouvoir déployer « une force tranquille », sans craindre  en retour la violence inacceptable de travailleurs  asservis et humiliés. L’assèchement du travail régulé, c'est-à-dire protégé par la loi et rémunéré dignement, est en bonne voie. Stéphane Richard qui vient d’être nommé par l’Elysée à la commission « Innovation 2030 », alors qu’il est mis en examen pour harcèlement moral en tant qu’ancien PDG de France Telecom, a peut-être quelques idées pour innover encore dans ce domaine.  La philosophie qui anime nos dirigeants avait été parfaitement résumée par André Gorz dans son livre « Misères du présent, richesse du possible » : « Qu’importe le montant de la paie pourvu qu’on ait l’emploi.  Autrement dit, soyez prêts à toutes les concessions, humiliations, soumissions, compétitions, trahisons pour obtenir ou conserver un emploi ;  car qui perd un emploi perd tout . »

Il s’agit sans doute pour François Hollande d’une adaptation nécessaire de nos travailleurs  aux formes les plus brutales du capitalisme. Désormais, « nous sommes prêts à accueillir davantage d’investissements chinois en France ».

Le pragmatisme économique du président fait probablement fantasmer Laurence Parisot.

Déjà, la patronne du MEDEF met beaucoup de pression sur le gouvernement avec le gaz de schiste :  «Nous avons un risque sur notre modèle social et nous risquons de passer à côté d'une manne extraordinaire sous nos pieds, ce serait une erreur dramatique». Delphine Batho, la ministre de l’Ecologie, résiste pour l’instant et considère, même si « le sujet n’est pas tabou », qu’« il y a une limite au marché» : « Sacrifier l'eau, la terre, l'air à des profits immédiats, ce n'est pas la bonne logique et ce n'est pas la bonne réponse aux difficultés économiques.»  Mais que pèse la ministre de l’Ecologie face à tous ses collègues et à Jean-Marc Ayrault dont la sensibilité aux questions environnementales n’est pas démontrée ?

Le printemps est là et de nombreuses luttes sont en bourgeon car la montée du chômage et les records battus dans ce domaine affolent un gouvernement piégé par sa politique d’austérité. Seule une large mobilisation citoyenne pourra faire barrage à de nouvelles transgressions sociales, environnementales, éthiques et démocratiques.

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