Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

641 Billets

3 Éditions

Billet de blog 27 mai 2018

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Zone de non-droit

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La ZAD de Notre Dame des Landes est une zone de non-droit : les droits humains les plus élémentaires, le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique, y  sont bafoués par des forces de l’ordre qui agissent sous couvert d’un État qui choisit de plus en plus de susciter la peur plutôt que le respect. Sur la ZAD, contre des occupants  qui essayent d’échapper à leurs charges, les gendarmes utilisent des armes de guerre. Maxime, un jeune étudiant en master de sciences politiques à Lille y a perdu une main. Le système ne peut admettre les tentatives de construction d’un monde différent.

A Paris, les forces de l’ordre n’hésitent pas à  embarquer, pour les placer ensuite  en garde à vue, des lycéens, coupables d’avoir pénétré sans autorisation dans les locaux du lycée Arago pour y tenir une AG. Maintenus pendant des heures dans des bus, sans boire ni manger,  ces jeunes « casseurs » ont ainsi pu apprécier le sens de l’écoute et du dialogue  de leur ministre. Beaucoup d’entre eux sont des mineurs dont les parents n’ont été prévenus que de nombreuses heures plus tard.

Contre toute protestation un peu véhémente, contre toute contestation significative, contre toute opposition déterminée, le pouvoir est prêt à user d’une violence radicale.  Une main arrachée, un pied mutilé, un œil perdu, etc,  le tarif peut varier au hasard des manifestations mais la pédagogie se veut toujours punitive et dissuasive. Le régime choisit de plus en plus ouvertement la voie de la répression policière pour affirmer son autorité et contrôler un corps social qui doit se contenter d’obéir et d’encaisser les mauvais coups.

Il y a un an, un système politique à bout de souffle s’est désagrégé. Sur les décombres, l’imposture s’est installée, occupant tout l’espace en l’absence de contre-pouvoirs. L’ordre revigoré de la finance au lieu du renouveau . . .

La République déserte peu à peu  le territoire, elle cède la place à un espace marchand, à une zone dédiée au profit, où les droits de l’homme et du citoyen s’effacent devant la loi du plus fort, devant la loi des affaires. L’ampleur des attaques sociales et écologiques est inédite. Tout doit être bradé au système marchand.  Un ordre mortifère se répand sous la domination jupitérienne. La patrie des droits de l’homme et du citoyen va-t-elle devenir une zone de non-droit ?

Des manifestations épisodiques, sympathiques, et dans la bonne humeur, des grèves en pointillé,  sont-elles susceptibles de faire plier un gouvernement qui, confronté à des manifestations un  peu moins bonhomme,  n’hésite pas à utiliser des armes létales ?

Tout le monde connaît la réponse.

Et pourquoi Emmanuel Macron cèderait-il alors qu’il est intimement persuadé de détenir la légitimité démocratique ?

 Le mouvement social et écologique doit adapter sa stratégie à l’adversaire et prendre la mesure de la nature exacte du régime. Il n’est pas comme la marée, il ne peut monter et refluer indéfiniment, il s’y épuise.

La manifestation du 26 mai peut constituer un espoir car c’est un premier mouvement d’agrégation des luttes et des opposants.

Mais on n’arrête pas un dément sourd et aveugle en lui faisant la fête.  

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.