« L'uniformisation des couleurs de poubelles pour le tri, (. . .), une mesure qui risque de coûter la bagatelle de 500 millions à un milliard d'euros, alors que dans le même temps on pleurniche pour avoir 200 millions d'euros supplémentaires pour l'Agence française de la biodiversité. » ,ces propos désabusés de Bruno Genty, président de France Nature Environnement, tenus à l'issue de la Conférence environnementale, rendent bien compte de la difficulté pour le gouvernement et ses partenaires d'Europe Ecologie Les Verts de négocier « le tournant écologique », « parcours difficile et parfois conflictuel », avec des associations de défense de l'environnement quelque peu rétrogrades et arc-boutées sur de vieux principes révolus. Avec François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Cécile Duflot, nous sommes entrés dans l'ère de « l'écologie positive » et « optimiste », compatible avec une société de croissance durable. L'écologie n'est plus synonyme de contraintes et de restrictions mais au contraire porteuse de nouveaux marchés, d'opportunités pour des éco-entrepreneurs dynamiques ; le vieil antagonisme entre écologie et économie est définitivement révolu. Pollution et dépollution ne sont-elles pas toutes deux sources de profits pour les entreprises ?
C'est une bonne nouvelle pour tous les défenseurs du progrès : les écologistes radicaux, les empêcheurs de grands projets, les grincheux comme Pascal Durand ou Noël Mamère , cèdent la place aux écologistes développeurs, résolument tournés vers l'avenir. Il n'y aura pas d'écotaxes ou de « pollutaxes » mais des niches fiscales maintenues pour les pesticides et les agrocarburants si indispensables à une agriculture performante. Le MEDEF et la FNSEA vont enfin aimer l'écologie et devenir les partenaires privilégiés d'un ministère dont ils avaient plutôt l'habitude de faire le siège. Contrairement à Bruno Genty, Jean-Pierre Clamadieu, président de la commission développement durable du MEDEF, a « entendu un discours pragmatique sur la manière dont on allait mener une transition énergétique »et part « plutôt rassuré » de cette conférence où il a « entendudes objectifs ambitieux, dont certains seront difficilement réalisables, et une volonté de les piloter au plus près ».
Les Verts, et tout particulièrement Cécile Duflot, peuvent être satisfaits et fiers de leur parcours. Désormais les conflits d'intérêts qui pouvaient exister entre producteurs-consommateurs et défenseurs de l'environnement sont abolis. L'intérêt général se confond avec celui du capital.
C'est l'aboutissement d'un long travail, d'une lente métamorphose entamée avec la participation de D Voynet au gouvernement de Lionel Jospin en 1997. Dès cette époqueles Verts avaient fait le choix de lier leur parcours politiqueà celui du PS et de marier l'écologie avec le libéralisme.
Ils vont devoir maintenant se poser la question ultime : quelle peut être, dans un tel contexte, leur utilité ?