Avec la présentation de ses objectifs de transition et de planification écologiques, Emmanuel Macron a une nouvelle fois fait l’étalage de sa pensée complexe - même extraordinairement complexe et déroutante - et de son étonnante virtuosité dans l’appariement des contraires. Même s’il n’a pas été prononcé, le fameux “en même temps” a structuré l’ensemble des propos présidentiels qui dépassent le stade de l'ambiguïté et confinent plus que jamais à l’incohérence et à l’impossibilité logique. Emmanuel Macron a ainsi vidé le signifiant “écologie” du moindre sens politique. Dans sa bouche, dans celle de ses ministres et de beaucoup de commentateurs de cour, l’écologie ne veut désormais plus rien dire et c’est sans doute le but recherché . Nous rentrons dans l’ère de l’imposture totale où il ne sera plus possible de prendre appui sur le moindre repère.
Pour le grand timonier élyséen, notre salut écologique passe désormais par un monde électrifié, nucléarisé, numérisé, connecté, innovant . Le nucléaire, les véhicules électriques, les pompes à chaleur vont constituer les courroies d'entraînement d’une écologie “à la française” , responsable, “non punitive”, d’une écologie positive comme on l’aime ! La sauvegarde de l’environnement sans contraintes, sans interdictions, sans la sobriété, sans les Amish rétrogrades, et dans l’allégresse ! C’est le nouveau conte de fée macronien avec une fée électricité qui, en décarbonant nos productions et activités, va nous garantir une croissance heureuse et une consommation sans complexe.
La notion de greenwashing est totalement dépassée : à ce stade, il faut parler de green booming, de relance de la consommation par l’écologie.
Chapeau l'artiste !
Le “toujours plus” d’infrastructures et notamment d’autoroutes (la construction de l’autoroute A69, condamnée unanimement par les 200 scientifiques du collectif toulousain Atécopol par le biais d’une tribune publié récemment par Médiapart, est toujours soutenue par le ministre des transports), le “toujours plus” de bagnoles, ( et notamment de SUV), de camions, d’avions, de centres commerciaux, d'entrepôts, de fermes photo-voltaïques, de fermes-usines, d'élevages intensifs, de méga bassines, le toujours plus en tout et n'importe quoi est déclaré écologiquement souhaitable et responsable. . .
De la pensée complexe. . .
Mais, n’est-ce pas plutôt cela, à l’image du slogan thatchérien “There is no alternative “, que l’on qualifie de dictature de la pensée, et peut-être même de dictature tout court ?
Pour terminer, citons Roland Barthes : "le fascisme ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger à dire ".