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Billet de blog 28 avril 2017

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Souriez et votez !

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Dans le jeu de l’oie élyséen, c’était  le résultat rêvé  du premier tour par tous les candidats, celui qui  permet d’enjamber l’obstacle du second tour pour accéder directement à l’Elysée : être opposé à Marine Le Pen. Dimanche soir,  Emmanuel Macron était visiblement  grisé par cette victoire d’étape, en roue libre après l’effort, Président avant l’heure, magnanime et rassembleur,  avec Brigitte, première dame,  à ses côtés. Après le discours et les remerciements, un  convoi ultra-sécurisé, poursuivi par une horde de motards, se mit en branle et, sous le regard des caméras, sembla le porter aussitôt vers les lieux du pouvoir ; sur sa route, un diner festif entre amis attendait notre marcheur dans un restaurant du quartier Montparnasse.

Dimanche soir, le lièvre Macron était déjà devant le poteau d’arrivée.  Difficile de rester concentré sur la compétition . . .

Les salariés de Whirlpool se sont chargés de lui remettre les idées en place. Il sait maintenant que son élection programmée ne sera pas un plébiscite. Les gens qui souffrent du libéralisme et d’une mondialisation synonyme de délocalisation ne voteront pas  pour celui qui va muscler la loi El Khomri par ordonnances, pour quelqu’un qui défend les mécanismes et les instruments responsables de la perte de leurs emplois, pour le favori du MEDEF, pour celui qui ne leur promet rien car le marché ne peut rien promettre. Emmanuel Macron n’est pas le bienvenu  dans le monde du travail car il n’a jamais  défendu que les intérêts du capital et  il ne peut  rassurer que ceux qui sont déjà confiants.  Ses incantations consensuelles ne parlent qu’à ses partisans. Derrière le sourire permanent, derrière la positivité érigée en doctrine,  se profilent une prise en otage massive de l’électorat et une demande de reddition sans contrepartie. Le trône est à peine vacant qu’il menace d’être confisqué par la même engeance. La monarchie présidentielle, en passe d’être abolie, a trouvé son nouveau roi dans un scénario détestable. Pour celles et ceux qui espéraient l’instauration  d’une VI ème République et une véritable révolution des idées, la désillusion est immense. Déjà, des lycéens  défilent dans les rues pour protester contre ce deuxième tour aux allures de provocation en renvoyant dos à dos les faux monnayeurs de la république :  «Ni Marine, ni Macron ; ni patrie , ni patron ».

2017 n’est donc pas 2002.  Quinze années de libéralisme , quinze années de casse sociale et environnementale,  se sont écoulées. L’élection d’un héritier de ces années-là, aussi fringant soit-il, ne va plus de soi.  Et tous les libéraux, des sociaux-libéraux aux ultralibéraux, tous les gens susceptibles de gouverner raisonnablement  (et qui se bousculent déjà pour être le Premier ministre du probable Président)  le savent et pressentent le danger.  Il faut dire que, pendant ces quinze ans,  ils ont vraiment tiré sur la corde : ils ont éreinté le prolétariat  pour satisfaire les actionnaires, gonflé le nombre de chômeurs pour augmenter les dividendes, « rentabilisé » les services publics,  massacré l’environnement pour faire du profit. . .  Ils se sont vraiment  gavés plus que de raison !

 Mais il arrive encore que le peuple vote.  Alors, maintenant,  à quelques jours de l’échéance fatidique, ils prennent peur.  On ne sait jamais,  Et si elle passait. . .

 Les promoteurs du capitalisme financier, les  destructeurs d’Etat,  se mettent à vouloir sauver la République. Ils n’ont pas la décence ou l’intelligence politique d’éviter certains arguments.  Ils  appellent à faire front, à faire barrage, ils exhibent le danger ; les rapaces s’effacent devant « la bête immonde » qui reprend du service. Marine Le Pen ne doit pas passer. Ils ont fait grossir les rancoeurs, les amertumes, les sentiments xénophobes, ils ont abondamment relayé des idéologies nauséabondes pour finalement hurler que tout cela n’est pas convenable.

Devant le danger et dans l’urgence,  Ils veulent à tout prix nous vendre leur produit frelaté sans rabais commercial sous prétexte que la concurrence fait pire.  Il n’y aura pas de concession, pas de programme revu et corrigé. Non, Macron, il faut le prendre tel quel, c’est la loi du genre !

Souriez et votez, vous en reprenez pour cinq ans.  Il faut positiver, vous pourriez avoir encore plus mal.

Souriez, vous avez  cinq ans pour vous mettre en  marche,  cinq ans pour apprendre à  aimer un nouveau  libéralisme.

J’en ai déjà la nausée.

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