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Billet de blog 28 avril 2025

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Des petits quelque chose. . .

Dans le Sud-ouest, malgré les avis défavorables de la commission d’enquête publique, de l’Autorité environnementale et du Conseil national de la protection de la nature, le projet de ligne LGV, présenté souvent comme un instrument de la cohésion des macro-territoires, est rentré dans sa phase de réalisation

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Sur le site du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires il est possible de lire à la rubrique «  la France face aux neuf limites planétaires » des propos particulièrement alarmants  :

« Au niveau mondial, le rythme d'érosion de la biodiversité s'accentue rapidement, atteignant un niveau qui met en danger la santé des écosystèmes et des espèces.

La diminution ou la disparition d'écosystèmes terrestres et aquatiques, d'espèces animales et végétales, sous l'effet direct ou indirect des activités humaines, constitue une menace forte pour le bien-être humain, dans toutes les régions du monde, et in fine pour la stabilité des civilisations humaines. En effet, compte tenu de la complexité du monde vivant, l'extinction d'une seule espèce peut avoir des effets en cascade, conduire à la disparition d'autres espèces, perturber le fonctionnement des écosystèmes et à terme affecter fortement la qualité des services rendus par les écosystèmes à l'homme, notamment dans un contexte où le changement climatique exacerbe les dynamiques déjà à l'œuvre en matière d'érosion de la biodiversité.

Le risque d'extinction des espèces tend à s'accroître en France. »

Et les faits sont accablants : « C'est en France que l’indice de risque d’extinction des espèces augmente le plus entre 2000 et 2022 (+ 99 % contre + 67 % en Europe et + 36 % dans le reste du monde).  »

« Transition écologique » et « Cohésion des territoires », deux responsabilités, deux entités distinctes pour un même ministère qui les oppose au lieu de les coordonner au point de sacrifier l’une pour l’autre.

Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires est frappé d’un traumatisme similaire à celui de ces hémiplégiques qui ont perdu l’usage de la moitié de leurs membres : ils demeurent naturellement conscients de la présence et de l’utilité de la partie inerte de leur corps mais sont incapables de s’en servir. Mais, alors que chez un paralysé, des méthodes de stimulation et de rééducation permettent souvent de recouvrer une certaine motricité, au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le mal ne peut qu’empirer car l’énergie et l’activité déployées au nom de la Cohésion des territoires ne fait que confirmer l’inanité de la prétendue transition écologique et aggraver la crise du vivant.

Dans les territoires, les préfets sont les opérateurs zélés d’une politique schizophrène entièrement dévouée à la cause des entreprises qui prétend concilier la multiplication des infrastructures et des zones artificialisées avec une meilleure protection de l’environnement. Ils relaient avec fermeté, face aux oppositions, le délire croissantiste du pouvoir et l’intensification des pratiques industrielles. Ils donnent ainsi systématiquement la priorité aux investissements destinés à améliorer la logistique des entreprises au détriment des besoins de la population et de la préservation de la biodiversité. La nature est au mieux une ressource, au pire un frein ou un obstacle qu’il convient de contourner ou d’éliminer.

Ainsi, dans le Sud-ouest, malgré les avis défavorables de la commission d’enquête publique, de l’Autorité environnementale et du Conseil national de la protection de la nature, le projet de ligne LGV, présenté souvent comme un instrument de la cohésion des macro-territoires, est rentré dans sa phase de réalisation. L’État passe une nouvelle fois en force dans ce type de dossier, débutant par une opération dite « coup de poing » pour des sessions de travaux intensifs correspondant à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux. Le pouvoir central, représenté par le préfet Étienne Guyot qui avait poussé le cynisme jusqu’à se féliciter du taux de participation à des enquêtes publiques dont les résultats ont été ignorés et bafoués, entend conduire à bien ou plutôt à mal la ligne LGV Bordeaux-Toulouse/Dax malgré tous les avis défavorables de la communauté scientifique. Cette ligne va mettre en péril la faune et la flore de nombreuses zones naturelles et ses opposants qui ne désarment pas déclarent que « comparé à l’A69, il y a encore plus de raisons d’annuler le projet »

En attendant le résultat des recours déposés en justice, le chantier débute donc à grande vitesse et Étienne Guyot entend le sécuriser avec toute la fermeté et la brutalité nécessaires. Il prévient les éco-terroristes potentiels qui seraient tentés par des opérations de sabotage :«  des plaintes sont systématiquement déposés pour que l’on puisse traiter ce type de délit avec toute la sévérité requise : on ne peut jamais justifier la destruction de quelque chose »

Pour un gain de quelques minutes sur le trajet Bordeaux Toulouse, les habitats naturels d’ espèces protégées et pour certaines en voie de disparition vont être sacrifiés. Le préfet Guyot, bras armé d’un État pris dans son obsession techno-productiviste, ne mesure même pas l’énormité de ses déclarations : pour ce fossoyeur du vivant, la loutre et le vison d’Europe, la genette, la cistude, le gorgebleue à miroir, etc , ne représentent rien, ils ne sont même pas des petits quelque chose !

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