Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

635 Billets

3 Éditions

Billet de blog 28 mai 2025

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Avec Retailleau, la République a bien mauvaise haleine

C’est la nouvelle coqueluche des médias de Bolloré et de toute la mouvance de la droite extrême qui est engagée dans une course à l’échalote avec l’extrême droite, en vue de la prochaine élection présidentielle. . .

Jean-Luc GASNIER (avatar)

Jean-Luc GASNIER

Inactif en activité, membre d'ATTAC33, de nationalité française mais terrien avant tout

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est la nouvelle coqueluche des médias de Bolloré et de toute la mouvance de la droite extrême qui est engagée dans une course à l’échalote avec l’extrême droite, en vue de la prochaine élection présidentielle : Bruno Retailleau, le nouveau président des LR, est le maillon fort du gouvernement Bayrou, un espoir qui renaît dans la quête du Graal pour un parti en perte d’influence depuis de nombreuses années.

Adoubé en politique par Philippe de Villiers, cet ancien pilier de « La Manif pour tous » fait partie de la frange droitière des Républicains, une droite de la droite attachée aux traditions les plus rances de la bourgeoisie catholique et à la préservation d’un ordre moral rigoriste.  L’ordre, l’unique priorité de Bruno Retailleau, revendiqué comme « condition de la liberté », est évidemment avant tout au service de l’ordre établi, au service des possédants, il doit permettre de sécuriser le pouvoir, qu’il soit politique ou économique. Le ministre de l’Intérieur s’inscrit d’ailleurs dans la lignée affairiste de la grande voyoucratie de l’UMP et des Républicains, n’hésitant pas à se réclamer de Nicolas Sarkozy ou de François Fillon dont il était le coordinateur de campagne en 2017 . Pour Bruno Retailleau, à n’en pas douter, « mieux vaut une injustice qu’un désordre ». Avec Retailleau, ce sont les militants exaltés de LR, animés par le ressentiment, qui ont repris les rênes du parti. D’ailleurs, plus à droite que Retailleau, il n’y a rien, pas même le Rassemblement national puisque, si l’on en croit ses propos, Marine Le Pen « est plus proche de madame Binet de la CGT que de nous. Elle a toujours refusé toute alliance. ».

En matière d’immigration, il s’est aligné sur les thèses portées depuis toujours par l’extrême droite mais sur beaucoup de dossiers, les droits sociaux et le droit des femmes notamment, il est sur une ligne encore plus droitière que le Rassemblement national (il a par exemple voté contre l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution alors que le groupe du RN à l’Assemblée nationale s’est abstenu).

Bruno Retailleau, c’est une imposture démocratique majeure : avec lui, le programme et le totalitarisme de l’extrême droite avancent masqués, bénéficiant de la couverture d’un parti estampillé « parti de gouvernement », et en prétendant de surcroît lutter contre les extrêmes alors qu’à n’en pas douter ce sont les militants d’une extrême gauche aux contours assez larges qui constituent la cible prioritaire du ministre de l’Intérieur et des forces de l’ordre.

Pour le maintien de l’ordre, Bruno Retailleau, tout comme ses prédécesseurs, ne connaît qu’une seule option, la répression. Mais il y déploie un zèle tout à fait particulier. La décoration récente de policiers du Raid de Marseille mis en examen pour violences ayant entraîné la mort d’un jeune père de famille, Mohamed Bendriss, et l’éborgnement de son cousin alors que les deux hommes ne représentaient aucun danger pour les policiers, envoie un message clair aux forces de l’ordre : Réprimez violemment, vos bavures seront couvertes voire récompensées. Cet acte assumé qui va au-delà des paroles de soutien inconditionnel dont les ministres de l’Intérieur sont malheureusement coutumiers signe véritablement la mise en place d’une politique ultra-répressive mais aussi la dérive fasciste d’un homme et par extension ,  du pouvoir qui le maintient en place. Ministre à peine installé, n’avait-il pas déclaré que « l’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré » ! Comment mieux signifier à la population que la force peut prévaloir sur le droit quand certains intérêts jugés supérieurs par le pouvoir sont menacés ! Et les exemples de la violation de normes juridiques par le gouvernement sont déjà légion, notamment dans le domaine de la protection environnementale où le pouvoir bafoue régulièrement le droit afin de privilégier ou de préserver les intérêts économiques et financiers des entreprises comme dans le cas de l’A69. Et quand des résistances s’organisent, elles sont alors réprimées avec une violence extrême.

En même temps, comme tous ses collègues et complices du gouvernement qui connaissent bien le bréviaire macroniste, Bruno Retailleau évoque en permanence la République et ses valeurs bafouées face aux écologistes, aux féministes, aux islamo-gauchistes, aux communautaristes, face aux Frères musulmans qui « sont en train de s’infiltrer partout » . La République est de tous ses discours, ressassée, éructée sur un mode spartiate, mais quand ce mot sort de sa bouche, tout bouffi de violences policières, d’autoritarisme, de racisme, de colonialisme, il résonne non pas comme un idéal mais comme une provocation et une usurpation.

Privée des engagements et des ferments citoyens qui animent sa vie démocratique, dépouillée progressivement de tous ses biens communs et services publics, la République est en train de mourir sous les coups répétés des brutes qui sont au pouvoir.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.