« Il va falloir des ruptures et pas seulement sur la forme » clamait le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, le jour de sa nomination. Deux jours après, il déjeunait au domicile de Nicolas Sarkozy, l’ancien Président faisant encore office de mentor pour bon nombre de responsables politiques de la droite et désormais de l’extrême droite puisqu’il a reçu cet été Jordan Bardella (à l’occasion d’un rendez-vous « chaleureux et respectueux ») et déclaré récemment que « le RN appartient à l‘arc républicain ».
Qu’a bien pu aller chercher Sébastien Lecornu en rendant visite à Nicolas Sarkozy : une forme d’adoubement, des encouragements à poursuivre une si brillante carrière politique, des conseils pour la conduite de son ministère et l’exercice du pouvoir ?
A-t-il questionné l’ancien Président, spécialiste de la lutte contre les racailles, sur la façon de redonner du lustre à « la France des honnêtes gens », la France qui selon Les Républicains est celle « qui n’agresse pas, ne fraude pas, qui travaille dur, paie ses impôts et élève bien ses enfants, qui pense qu’un délinquant est un délinquant et pas une victime de la société » ? Lui a-t-il demandé son avis sur le management de l’administration et la gestion des évolutions de carrière, notamment aux ministères de l’Intérieur et de la Justice ? Espérait-il glaner au hasard de la conversation quelques renseignements utiles pour la formation de son gouvernement ? Comptait-il bénéficier de quelques suggestions et conseils avisés afin de relancer la croissance en facilitant les affaires ?
Le petit monde politique et médiatique se perd en conjectures et il est bien difficile d’y apporter une réponse. Personne ne le saura probablement jamais, le secret sera bien gardé en prison. . .
Néanmoins, une chose est sûre, avec cette visite le nouveau Premier ministre envoyait un signal clair : la rupture avec les promesses de rupture !
Et la dernière interview de Sébastien Lecornu au journal Le Parisien confirme bien que, sous la présidence d’Emmanuel Macron, la France est définitivement embourbée dans le néolibéralisme et un capitalisme financier qui ne peut tolérer la moindre inflexion sociale ou écologique. Seul son départ permettrait d’ouvrir d’autres perspectives.
Avec Macron et tous ses affidés , on vit une nouvelle version du film Un jour sans fin : les gouvernements se succèdent avec les mêmes mots, les même recettes, les mêmes promesses, les mêmes attrape-nigauds de plus en plus éculés, la même volonté de dialogue quand il n’y a rien à négocier. Les citoyens sont gavés jusqu’à l‘écœurement par des éléments de langage ressassés à l’infini mais sont pour l’instant contraints de subir ce lamentable spectacle.
Comme le chante Francis Cabrel :
« Faudrait que t'arrives à en parler au passé
Faudrait que t'arrives à ne plus penser à ça
Faudrait que tu l'oublies à longueur de journée
Mais ça continue, encore et encore. . . »
Sébastien Lecornu affirme qu’« il est hors de question de préparer un budget d’austérité et de régression sociale » mais, dans le même temps, ferme la porte à toutes les revendications syndicales et exigences des partis de gauche. Il prétend qu’« il faut être sourd pour ne pas entendre que les Français nous demandent plus de justice fiscale » mais refuse d’envisager le rétablissement de l’ISF et s’oppose à la taxe Zucman. Quant à l‘écologie, il n’en est même pas question, ce sujet n’est plus abordé alors même que la planète vient de franchir une 7ème limite planétaire avec l’acidification des océans qui vient de dépasser un seuil alarmant, compromettant la survie des écosystèmes marins. Mais pour s’attirer les bonnes grâces de la droite extrême ( Les Républicains) et de l’extrême droite, Sébastien Lecornu envisagerait de publier un décret instaurant un moratoire sur les énergies renouvelables.
« C’est toujours le même film qui passe
Le même film qui passe »