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Billet de blog 29 mars 2014

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Un aéroport et un Premier ministre éco-compatibles

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Après le revers subi par le PS au premier tour des élections municipales, les médias n’ont pas tardé à évoquer la nécessité et l’imminence d’un remaniement ministériel susceptible de relancer une présidence et un gouvernement désavoués et déjà  à bout de souffle. Deux ans après l’accession au pouvoir des socialistes, la désillusion et l’amertume suscitées  par l’absence d’une réelle alternative aux années Sarkozy entraînent un immense désarroi électoral : l’abstention et les votes de rejet sont l’expression d’un recul civique particulièrement préoccupant.  La ligne politique ne pouvant être remise en cause puisqu’elle est largement déterminée par Bruxelles et les milieux financiers, il s’agit de donner le change afin justement que rien ne change. Que le nom de Manuel Valls soit le plus fréquemment cité pour occuper le poste de Premier ministre montre à quel point les médias participent activement à la promotion de l’idéologie sécuritaire et au brouillage des lignes entre la droite et une certaine gauche. Et que le Premier ministre actuel, grand promoteur  de l’aéroport Notre Dame des Landes, se voie décerner, à la différence de son challenger, un brevet d’éco-compatibilité, propre à mieux assurer la liaison entre les différentes composantes de la majorité,  montre à quel point la mystification et l’enfumage sont désormais inhérents  au débat politique.  Jean-Marc Ayrault  est éco-compatible car il n’est nul besoin de mener une politique innovante dans le domaine de l’écologie pour satisfaire les ministres verts ; leurs deux maroquins ministériels suffisent à leur bonheur tandis que les renoncements programmatiques s’accumulent : report de la transition énergétique, abandon de la taxe diesel, enterrement de l'écotaxe. . .  Leurs exigences se réduisent comme peau de chagrin mais, à défaut d’être utiles, ils ont sans doute le sentiment d’être importants.  Jusqu’à présent, le renoncement au projet d’aéroport à NDDL apparaissait malgré tout comme l’une de leurs revendications non négociables,  un des derniers  motifs de rupture possible ; ceux qui accordaient encore un peu de crédit à Cécile Duflot et à Pascal Canfin  se demandaient si l’expulsion de la ZAD et le démarrage des travaux sur le site de l’aéroport de Notre Dame des Landes  seraient susceptibles de provoquer leur  départ  du gouvernement. . .                                                                 

L’accord finalement signé à Nantes entre les écologistes et le PS nous a fourni  la réponse : quelques places de conseillers municipaux ont suffi à éteindre la flamme revendicative des élus d’EELV. Les Verts doivent considérer désormais que l’aéroport NDDL est compatible avec la transition écologique à condition « de ne pas débuter les travaux avant l'épuisement de tous les recours juridiques actuellement déposés », ce qui avait d’ailleurs été déjà concédé par l’éco-compatible Jean-Marc Ayrault.Sur ce dossier, on espérait les Verts moins légalistes mais leurs responsabilités gouvernementales leur imposent sans doute une certaine ligne de conduite !       

Cette reculade opportuniste est évidemment maquillée en victoire dans l’optique du second tour nantais, mais il s’agit d’une faute politique majeure : les responsables d’EELV  pourront bien désormais tenir tous les discours qu’ils veulent au sujet de l’aéroport NDDL, le futur Premier ministre saura qu’il s’agit d’aboiements sans réelle signification et sans conséquence. C’est aussi une trahison  car l’affadissement des positions d’EELV fragilise l’ensemble des opposants qui  perdent une arme politique  susceptible de faire reculer le PS.  Le paradoxe est que le mouvement EELV se dessaisit définitivement  d’un élément de pression et de  dissuasion politique au moment même où il aurait effectivement pu jouer car, au lendemain des municipales, le gouvernement aura impérativement besoin de toutes ses composantes pour regagner un minimum de confiance. Mais les Verts constituent-ils encore une composante distincte au sein de la majorité présidentielle ou se sont-ils définitivement dilués ?  Depuis la décision de participer au gouvernement de Lionel Jospin en 1997 les Verts ont systématiquement privilégié la recherche d’accord avec le PS, soi-disant par souci de pragmatisme et d’efficacité, sans jamais disposer d’un rapport de force susceptible de faire progresser leurs idées de façon significative.  Ce parcours commun aurait pu être  le chemin de Damas des socialistes, il ressemble de plus en plus pour EELV à une impasse.

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