Il fait grand beau ce matin-là sur le marché de Cergy
Tout droit descendu de Versailles et de son nouveau logis,
Entouré de sa garde, s’efforçant de sourire, un brin provocateur,
Le prince chemine, tout rempli de bienveillance,
tentant de faire oublier son habituelle suffisance,
A la rencontre des gens qui ne sont rien et de leur espérée candeur.
Au lendemain d’un sacre bien triste,
Avant le choix de son Premier ministre,
il tient avant tout à faire quelques promesses,
Tout en osant vers les enfants de fugaces caresses.
Dans une foule réputée volontiers insoumise,
Bien loin du palais, protégé par sa police,
Le prince s’enfonçe toujours plus dans le dur,
Plutôt péniblement, sous les huées et serré de toutes parts,
Serrant des mains mais essuyant des injures,
Son chemin visiblement ne mène nulle part.
Soudain, dans ce tumulte un tantinet zapatiste,
Parti sans doute d’un étalage terroriste,
Un jet de tomates vole au dessus de l’auguste tête
Pour saluer, façon banlieue, des propos sans queue ni tête
Un parapluie, prestement déployé par un gorille,
Lui épargne les salissures, le garde propre,
Mais ne lui permet pas d’éviter l’opprobre
Et cette rengaine aux allures de torpille :
Un p’tit coin de parapluie
Pour t’abriter du discrédit
Tu oses encore nous promettre le paradis
Alors que partout, on te crie “ça suffit”,
Mais tu ne perds rien pour attendre pardi !
Aujourd’hui, c’est sûr, l’état de grâce a disparu,
Les gilets jaunes et rouges vont descendre dans la rue
Car de toutes tes réformes, ils n’en veulent plus
Ecrasé par la finance, le peuple n’en peut plus !
Un p’tit coin de parapluie
Pour t’abriter du discrédit
Tu oses encore nous promettre le paradis
Alors que partout, on te crie “ça suffit”,
Mais tu ne perds rien pour attendre pardi !