
Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a annoncé ce week-end que l’Etat souhaite nationaliser certains secteurs de l’entreprise ATOS, le géant informatique français, qui développe des activités souveraines sensibles, notamment dans le nucléaire et la cybersécurité, et qui est confrontée à de graves difficultés financières. ATOS est une société qualifiée de stratégique qui ne peut “passer dans les mains d’acteurs étrangers”. Dans certains domaines, le “quoi qu’il en coûte” reste d’actualité. . .
Une filiale d’ATOS, la société Eviden, devrait livrer cette année à l’institut de recherche de
Jülich en Allemagne un supercalculateur, dénommé Jupiter, capable d’exécuter un milliard de milliards de calculs à la seconde, il fournira paraît-il une puissance équivalente à celle de 10 millions d’ordinateurs portables !
La puissance de calcul phénoménale de cet ordinateur devrait notamment permettre à des chercheurs de développer des systèmes d’apprentissage automatique pour répondre aux défis du changement climatique (Lire ici ).
Evidemment, notre Jupiter des temps modernes est présenté comme un ordinateur vert, alimenté par de l’électricité verte, dont on ne sait pas très bien si elle proviendra de centrales nucléaires, d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques, de centrales électriques fonctionnant au biogaz ou plus probablement d’un mix de toutes ces belles énergies propres.
Un supercalculateur vert pour nous adapter au changement climatique, nous voilà sauvés !
Pour s’adapter à son environnement, la mésange à tête noire ne dispose pas d’un supercalculateur. Néanmoins, elle fait preuve d’extraordinaires capacités afin de surmonter les difficultés de l’existence et faire face à la mauvaise saison. Tout comme la fourmi de la fable, la petite mésange est prévoyante et emmagasine en masse, et de façon disséminée, en prévision des bises hivernales. Elle est capable de retenir jusqu’à 500.000 cachettes de nourriture différentes réparties sur plusieurs ha ! Et nul besoin de modules informatiques géants, de kilomètres de câblage haute performance et de systèmes de refroidissement sophistiqués pour cela, la brise qui caresse les branches d’arbres et la végétation qui abrite les insectes dont elle se nourrit lui suffit amplement. Sa connaissance intuitive et sensible, résultat de dizaines de millions d’années d’évolution, lui permet d’être en relation étroite avec son environnement, en harmonie avec la nature.
Le supercalculateur d’Eviden, lui, calcule dans un environnement hors-sol, réfrigéré, coupé du monde sensible. Il calcule à grande vitesse pour nous proposer des solutions techniques à des dégradations causées par la technique. Des ordinateurs de plus en plus puissants, de plus en plus rapides, pour tenter de résoudre les problèmes causés par un changement climatique qui devient de plus en plus prégnant.
La petite mésange ne met pas la nature en équations, elle se contente de la connaître, de la ressentir, en fait d’en faire partie intégrante. Ce faisant, elle s’adapte mais pour combien de temps encore ? Car il est un animal sur Terre qui a renoncé à utiliser son être sensible pour discerner, appréhender l’ordre général des choses, faire preuve de prévoyance, et éviter ainsi d’aller au devant de la catastrophe pour lui mais aussi pour une grande majorité d’êtres vivants.