En ce joli mois de mai qui fleure bon la surconsommation touristique, c’est acté, on peut se précipiter avec entrain vers le désastre ! Pour le gouvernement « la réalité s’impose », et il faut “préparer la France à une élévation de la température de 4 °C”, un scénario qualifié de “plus réaliste que pessimiste”. Elisabeth Borne a présenté son plan d’action pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 sans aucune mesure concrète et sans financement. On fonce dans le mur et on ne change rien ! Même pas peur !
Une consultation en ligne sur la trajectoire de réchauffement climatique de la France est lancée via le site du ministère de la Transition écologique. La première question illustre l’imposture totale de cette démarche de communication qui tient du rituel destiné à sauver les apparences d’une démocratie moribonde : "La France doit-elle se doter d'une trajectoire de réchauffement de référence d'ici la fin du siècle pour pouvoir s'adapter, tout en poursuivant la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en ligne avec les objectifs de l'accord de Paris ?" Après le fiasco de la Convention citoyenne sur le climat, la Macronie ose encore faire semblant de solliciter les citoyens quand tout est imposé sans concertation et à marche forcée : la relance du nucléaire, l’agriculture intensive irriguée, la mise en place de la 5G en attendant la 6G, les projets autoroutiers comme l’A69, la mise en chantier de la mine d’Echassières en Auvergne pour en extraire le lithium nécessaire à nos gigafactories de batteries, etc.
Les forcenés de la croissance qui nous gouvernent ne veulent surtout pas changer de modèle économique, ils ont décidé qu’il valait mieux s’adapter plutôt que de lutter. Une adaptation technologique pour un réchauffement de +4°C, ça va faire rudement tourner le business ! Le concept de transition écologique est une belle astuce, il a sûrement dû être inventé chez McKinsey. Toutefois, on perçoit aisément qu’en régime capitaliste libéral, l’adaptation au réchauffement climatique et autres dégradations environnementales risque d’être particulièrement sélective, les grands prédateurs et pollueurs vont bien s’équiper, quant aux autres. . .
Cette modernisation écologique nous promet un aussi bel avenir que la modernisation sociale et la réforme des retraites.
Quel chemin parcouru depuis la Conférence de Paris de 2015 ! Et en peu de temps !
Lors de cette COP 21 mémorable, une hausse de la température moyenne du globe de + 1,5°C avait été présentée comme un seuil à ne pas dépasser, une limite quasi absolue. Les officiels et les médias, relayant le discours des scientifiques, évoquaient les effets dévastateurs et incontrôlables d’une hausse supérieure à 2°, des effets boules de neige incontrôlables et imprévisibles, le basculement vers l’inconnu. Il fallait tenir l’objectif et signer des engagements. Le monde était suspendu au résultat de ces laborieuses négociations. Finalement, on y était arrivé, Laurent Fabius, le président de la COP 21, recasé depuis au Conseil constitutionnel, en avait pleuré, on était sauvé !
Toutes ces belles promesses ne pouvaient pas être tenues. Les dirigeants politiques venus des quatre coins de la planète pour signer cet accord historique s’étaient raconté de belles histoires, ils avaient été pris dans l’ambiance, sans doute l’ivresse des sommets, oubliant qu’ils promeuvent pour la plupart ( et notamment les dirigeants des pays riches ) un système qui leur interdit de réguler et de contraindre les grands firmes émettrices de gaz à effet de serre.
Selon un rapport du programme européen Copernicus publié le 20 avril dernier, l’élévation de la température moyenne en Europe a très largement dépassé durant ces cinq dernières années le fameux seuil des 1,5°C fixé par l’Accord de Paris.
Les dirigeants occidentaux en prennent acte et nous vendent désormais le scénario de l’adaptation et de ses solutions techniques avec la montée en puissance d’un capitalisme vert qui va décarboner l’économie. Parallèlement, sans régulation forte, sans véritable contrainte, les industriels des énergies fossiles continuent à prospérer : TotalEnergies développe des projets pétroliers gigantesques en Ouganda et en Tanzanie (426 puits sont prévus) et s’engage dans la construction d’une usine géante de plastique en Arabie Saoudite. Toutes les entreprises quels que soient leurs secteurs d’activité ne se préoccupent finalement que d’une chose : accroître leurs chiffres d’affaires avec la bénédiction des gouvernants. En France la duplicité du gouvernement atteint son paroxysme : les ministres développent un discours vertueux ( Christophe Béchu s’est dit par exemple déterminé à plaider pour la diminution de la production de plastique dans le cadre des négociations qui s’ouvrent à Paris afin de limiter la pollution plastique) pendant que les transnationales françaises, dirigées par leurs copains, souvent des transfuges de la haute fonction publique, pourrissent la planète en engrangeant des superprofits qui ne seront pas taxés. Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, lors de l’assemblée générale du groupe a trouvé la formule marketing qui résume bien la stratégie économique et la communication du grand patronat : “Croissance rentable et développement durable “ !
Cela pourrait être aussi le slogan de la Macronie pour assurer la pérennité d’un capitalisme financier qui veut continuer à prospérer sur une planète en perdition.
Combien de temps tout cela va-t-il tenir ?