François Hollande, candidat, déclarait, pour mieux se démarquer de Nicolas Sarkozy : « Je veux une gauche qui apaise. ». Aujourd’hui, la France du Président Hollande n’est pas la France rêvée, apaisée du candidat. Même la coupe du Monde de football, alors que l’on fantasme déjà à l’Elysée sur une victoire de l’équipe de France, exacerbe les tensions de plus en plus fortes qui traversent la société française comme le révèlent les incidents qui ponctuent le parcours de l’équipe algérienne. Avec le gouvernement actuel comme avec les précédents, la France s’enfonce dans une dépression économique et sociale qui apparaît de plus en plus insurmontable et, parallèlement, la violence institutionnelle se renforce et asphyxie la société dans son ensemble. La résignation et la contrainte assurent à « la gauche qui apaise » une relative tranquillité.
Car, à la veille de la 3ème conférence sociale des 7 et 8 juillet prochains, le dialogue social si vanté par le pouvoir n’est qu’apparent et se révèle un instrument, un artifice de communication, destiné à masquer l’absence de toute perspective et marge de négociation. Tous les conflits, et notamment celui des intermittents du spectacle, se heurtent à un gouvernement inflexible qui parie sur l’enlisement, le découragement et le pourrissement. Les verrous budgétaires sont posés, le pacte de compétitivité impose ses règles et contraintes, les citoyens et les salariés sont donc pris au piège, cadenassés. Le pouvoir socialiste et le MEDEF sont les deux acolytes d’un jeu de dupes biaisé, orchestré par la Finance, qui conduit obligatoirement à la régression sociale.
La «gauche qui apaise » est violente.
En affaiblissant volontairement sa capacité d’intervention, en laissant le champ libre aux intérêts privés, en attisant la cupidité des entrepreneurs, l’Etat socialiste exerce une violence passive aux effets destructeurs : il ne protège plus mais au contraire affaiblit et fragilise les citoyens. C’est bien évidemment le cas lorsque la qualité des services publics se dégradent en raison des restrictions budgétaires - et cela peut avoir des conséquences dramatiques, notamment dans le domaine de la santé – mais, quand la DGAC ( Direction Générale de l’Aviation Civile) rend un rapport partisan ainsi que le démontre l’enquête publiée par le CéDpa, le collectif des élus opposés à l’aéroport Notre Dame des Landes, il s’agit bien aussi d’une violence économique, sociale et environnementale destinée à profiter à des investisseurs et à servir une cause illégitime ( lire ici l'article de Jade Lindgaard).
Dans certaines circonstances, la violence de l’Etat socialiste se fait même plus prégnante, plus active, au mépris du respect des droits de l’homme et du citoyen. La police de François Hollande continue à dériver et à poursuivre un mouvement largement amorcé sous Sarkozy (quand il était ministre de l’Intérieur) et ses lois sécuritaires. Notre police nationale outrepasse de plus en plus ses missions et n’est pas toujours garante de l’ordre public : la vidéo qui a circulé ces derniers jours sur le net montrant un policier lyonnais frapper délibérément un homme à terre est un élément à charge de plus dans un dossier particulièrement préoccupant. Des tirs de Flash-Ball non justifiés contre des manifestants jusqu’aux violences policières contre les syndicalistes, les actes délictueux voire criminels de nos forces de l’ordre ne sont quasiment jamais sanctionnés. Le délitement de l’esprit républicain et l’instrumentalisation du sentiment d’insécurité menacent des corps d’Etat essentiels à la paix sociale.
Dans ces conditions, la paix sociale ne peut être qu’un calme précaire, une résignation triste, une soumission provisoire, face à l’inflexibilité d’un pouvoir et à la violence multiforme d’un Etat qui apaise en passant la camisole de force au peuple français.